Le ciel européen reste inaccessible pour plusieurs compagnies aériennes de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). En effet, selon la dernière mise à jour de la liste noire de l’aviation européenne, récemment publiée au Journal officiel de l’Union européenne, sept compagnies aériennes de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique centrale, principalement basées au Congo et en Guinée Équatoriale, ont été ajoutées et/ou maintenues dans la liste noire de l’aviation européenne pour 2025. Bien que ces transporteurs soient globalement spécialisés dans les marchés domestiques ou régionaux, cette décision fait suite à des évaluations de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) qui ont mis en évidence des manquements en matière de sécurité opérationnelle, de maintenance des aéronefs et de formation du personnel navigant.
Parmi les compagnies concernées figurent Canadian Airways Congo, Equaflight Services, Equajet, Trans Air Congo et la Société Nouvelle Air Congo au Congo, ainsi que Ceiba Intercontinental (impliquée dans plusieurs scandales et accidents, ce qui a fragilisé sa réputation) et Cronos Airlines en Guinée Équatoriale. Ces restrictions pourraient entrainer des conséquences importantes pour les compagnies aériennes concernées, limitant leur plan de connectivité internationale. Elles auraient également un impact sur le transport de passagers et de marchandises, avec des répercussions potentielles sur les économies des pays concernés et alimenter la dépendance des africains vis-à-vis des compagnies étrangères.
Le secteur aérien africain, cloué au sol
Dans le détail, les sept compagnies Cemac non autorisées à survoler l’Europe représentent environ 12,72% des 55 transporteurs africains basés dans 11 pays actuellement interdits de survoler l’espace aérien européen, selon la dernière mise à jour de la liste noire. Cette liste, qui comprend au total 129 compagnies aériennes de 15 pays différents, souligne les défis auxquels est confronté le secteur de l’aviation civile en Afrique, notamment la concurrence déloyale des pays européens avec des compagnies développées, fortement présentent sur le marché du continent et des règles strictes imposées aux pays africains en voie de développement. Bien que les compagnies africaines représentent une part importante de cette liste, il est essentiel de noter que la situation varie d’un pays à l’autre et que des efforts devraient être déployés pour améliorer les normes de sécurité.
Il faut noter que les autorités européennes justifient ces restrictions par un niveau de sécurité jugé insuffisant au sein de certaines compagnies aériennes africaines. Des accidents, notamment des incidents techniques et des non-conformités aux normes de sécurité, ont été régulièrement signalés. Par exemple, toutes les compagnies aériennes basées en République démocratique du Congo, dont Congo Airways (49% détenue par Ethiopian Airlines), sont interdites de vol dans l’espace aérien européen depuis leur création en 2015, en raison de lacunes persistantes en matière de surveillance réglementaire.
En Afrique, seuls quelques géants tels qu’Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc, Egyptair ou encore Kenya Airways et d’autres compagnies, sont autorisées à exploiter le marché européen. Une poignée, d’ailleurs qui résiste tant bien que mal sur ce marché à la concurrence farouche de Lufthansa, Brussels Airlines, Turkish ou encore Air France KLM.
Afin de permettre à certaines compagnies aériennes interdites de reprendre une activité limitée au sein de l’Union européenne, la Commission envisage à ces dernières la possibilité de louer des aéronefs avec équipage auprès de compagnies aériennes agréées. Cette solution est toutefois soumise à des conditions strictes en matière de sécurité, notamment le respect des normes de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Les aéronefs utilisés dans ce cadre peuvent être marqués aux couleurs de la compagnie aérienne interdite, mais la responsabilité de l’exploitation incombe à la compagnie propriétaire de l’appareil. Une condition opaque qui pourrait maintenir les compagnies africaines dans la précarité et dans l’incapacité de voler plus haut, notamment à l’internationale afin de concurrencer les autres sur leur ciel.