La Banque mondiale a suspendu ses décaissements en faveur du Gabon. Ce pays de la Cemac tombe en disgrâce pour la deuxième fois en moins d’un an avec l’institution de Bretton Woods. Cette décision, intervient en raison des impayés accumulés qui s’élèvent à 17 milliards de francs CFA, à la date du 10 janvier par le gouvernement gabonais. Une situation qui met en lumière des tensions croissantes entre l’État et l’institution financière internationale.
En juin 2024, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’un des guichets non concessionnels du groupe de la Banque mondiale, avait déjà suspendu le pays pour des retards de paiement d’environ 10,4 milliards de FCFA. À l’époque, Libreville avait justifié ces retards par des « raisons techniques », avant de régulariser sa dette sous pression. Cependant, ce nouveau manquement soulève de nouvelles interrogations sur la capacité du Gabon à honorer ses engagements financiers.
Toutefois, l’organisation internationale fait savoir que « la suspension de décaissements n’affecte pas l’engagement de la Banque mondiale à soutenir le Gabon des ses efforts de développement durable et inclusif ». Cette suspension des décaissements est prévue dans les accords de financement entre les deux parties. « Il s’agit d’un mécanisme établi pour garantir la mise en œuvre harmonieuse des projets financés », a précisé l’institution. De son coté, le gouvernement gabonais réagit en assurant « l’ensemble de ses partenaires et l’opinion nationale de la détermination du gouvernement à continuer de respecter ses engagements librement adoptés », a écrit le ministre gabonais du Budget et des Comptes publics, Charles M’Ba. Le membre du gouvernement rappelle qu’« à fin novembre 2024, l’Etat a effectué des paiements pour 1.210 milliards de FCFA au titre de la dette ». Il indique enfin que « toutes les dispositions nécessaires seront mises en œuvre pour apurer dans les meilleurs délais les arriérés en question ».
L’impact sur la politique économique du Gabon
L’impact de cette suspension pourrait également se répercuter sur la politique économique du Gabon. Depuis plusieurs années, le gouvernement gabonais s’efforce de rassurer ses partenaires internationaux sur sa gestion des finances publiques et sa capacité à faire face aux défis économiques. Cependant, les retards de paiement répétés mettent en évidence des faiblesses dans la gestion de la dette et des finances publiques, ainsi qu’une possible instabilité financière. Ce type de décision de la Banque mondiale pourrait réduire la capacité d’emprunt du Gabon sur les marchés internationaux, voire augmenter les coûts de financement pour des projets futurs, limitant ainsi les marges de manœuvre du gouvernement dans la gestion de son budget national.
Cette nouvelle suspension de la Banque mondiale soulève des défis immédiats pour le Gabon. Le pays devra redoubler d’efforts pour résoudre ses problèmes de gestion de la dette et rétablir la confiance auprès des institutions financières internationales. Si la situation n’est pas rapidement maîtrisée, elle pourrait avoir des conséquences sur la stabilité économique du pays et son accès à des financements extérieurs indispensables à son développement. Dans ce contexte, il est crucial pour les autorités gabonaises de revoir leur politique financière et de prendre des mesures pour éviter de futurs impayés, tout en rétablissant une communication transparente avec les acteurs internationaux.