Face à une surproduction qui fait chuter les prix, la République Démocratique du Congo (RDC) premier producteur mondial de cobalt, suspend ses exportations de cobalt pour quatre mois. Une décision prise pour réguler le marché international et limiter l’offre excédentaire.
Le gouvernement congolais a pris une mesure radicale pour contrer la surproduction de cobalt. L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) a décidé de suspendre dès le 22 février les exportations de cobalt du pays pendant une période de quatre mois. Cette décision vise à « réguler » l’offre excédentaire qui a conduit à une baisse importante des prix sur le marché mondial.
Le cobalt est un élément crucial dans la fabrication de batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, les téléphones portables et d’autres appareils électroniques. En tant que premier producteur mondial de cobalt, la RDC joue un rôle central dans l’approvisionnement en ce métal, essentiel pour l’essor des technologies vertes. Cependant, la surabondance de ce métal sur le marché international a entraîné une baisse des prix, affectant les producteurs et menaçant l’équilibre économique de la filière.
Stabiliser le marché mondial
L’ARECOMS, dirigée par Patrick Luabeya, a justifié cette mesure en soulignant la nécessité de réguler l’offre sur le marché international, actuellement saturé en raison de la production excessive. Le Congo, qui exploite les plus grandes réserves mondiales de cobalt, a vu une hausse significative de sa production ces dernières années, notamment grâce à des entreprises comme le groupe chinois CMOC, dont la production de cobalt a doublé en 2024.
En effet, le géant minier chinois CMOC, premier producteur mondial de cobalt présent dans le pays a annoncé une production record de cobalt de 114.165 tonnes l’année précédente. Cette production surpasse ses prévisions annuelles de 2024 prévues à 70.000 tonnes, et dépasse de 106 % sa production de 2023 qui s’élevait à 55.526 tonnes. Une performance tributaire à l’expansion de ses opérations sur la mine de Tenke Fungurume et la montée en puissance de sa mine de Kisanfu Mine, entrée en production au second semestre 2023.
La suspension concerne l’ensemble du cobalt produit dans le pays, y compris celui extrait par les mineurs artisanaux. Les grandes entreprises minières, telles que CMOC et Eurasian Resources Group, qui contribuent de manière significative à la production nationale, devront également se conformer à cette interdiction. Cette situation pourrait affecter l’activité de ces groupes, déjà sous pression en raison de la baisse des prix (24.287 USD/tonnes en janvier 2025 contre 29.153 USD en janvier 2024) et générer des incertitudes parmi les investisseurs du secteur.
Impact sur les marchés et les investisseurs
Cette annonce a provoqué une réaction immédiate sur les marchés financiers. Le contrat à terme sur le cobalt électrolytique a bondi de 2,81 % à la bourse de Wuxi, illustrant un regain d’intérêt pour le cobalt à la suite de la décision congolaise. Cependant, les préoccupations demeurent parmi les investisseurs, notamment en ce qui concerne l’impact à long terme sur la production et les rendements des grandes entreprises minières opérant au Congo.
Toutefois, le gouvernement congolais a précisé que l’interdiction pourrait être ajustée ou levée après trois mois, en fonction de l’évolution de la situation du marché. Cette flexibilité laisse entrevoir une gestion dynamique de la crise, où le Congo pourrait réévaluer la mesure en fonction de la demande internationale et des prix du cobalt.