Avec moins de 1 % de ses terres irrigables exploitées, la République Démocratique du Congo mise sur une stratégie nationale d’irrigation, élaborée en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour dynamiser son secteur agricole et réduire sa facture alimentaire colossale.
Le 5 mai 2025, le gouvernement de la RDC a lancé à Kinshasa un atelier de deux jours destiné à poser les bases d’une stratégie nationale de développement de l’irrigation, en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’objectif affiché par Mutshail Mutomb Grégoire, ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, est clair : diagnostiquer les faiblesses actuelles du secteur pour bâtir une agriculture plus résiliente, productive et moins dépendante des caprices climatiques.
Aujourd’hui, l’agriculture représente 17,4 % du PIB et emploie 55 % de la population active en RDC, mais reste plombée par une faible productivité. Le pays importe chaque année pour environ 3 milliards de dollars de produits alimentaires. Pourtant, avec 4 millions d’hectares irrigables dont à peine 0,1 % équipés, et 80 millions d’hectares de terres arables dont seulement 10 % exploitées, le potentiel agricole de la RDC est l’un des plus vastes et sous-utilisés d’Afrique.
La stratégie nationale d’irrigation entend cibler les zones à haut potentiel, optimiser l’usage des ressources en eau et réduire les risques liés aux aléas climatiques. Pour la FAO, cet outil de planification sera aussi un catalyseur d’investissements privés dans les infrastructures agricoles, en particulier dans les systèmes d’irrigation à petite et grande échelle.
L’enjeu dépasse le cadre strictement agricole. Une agriculture irriguée plus performante pourrait réduire la facture des importations alimentaires, améliorer la sécurité alimentaire, dynamiser les chaînes de valeur locales et renforcer l’intégration régionale. Elle permettrait aussi de mieux orienter les fonds publics et l’appui des bailleurs internationaux vers des projets à fort impact.
Toutefois, irriguer ne suffira pas. La RDC devra aussi investir dans l’expansion des surfaces cultivées et la modernisation des pratiques agricoles. Actuellement, seulement 10 % des 80 millions d’hectares de terres arables du pays sont exploités. Sans une approche combinée entre irrigation, mécanisation et accès aux intrants, le plein potentiel agricole du pays restera hors de portée.
En misant sur l’irrigation, la RDC amorce ainsi une transformation agricole attendue de longue date. Si la stratégie est accompagnée d’un engagement politique fort et de financements adéquats, elle pourrait ouvrir la voie à un nouveau modèle agricole, plus inclusif et capable de répondre aux besoins croissants d’une population en forte croissance.