Alors que les rebelles du M23 ont étendu leur contrôle sur plusieurs villes stratégiques dans l’Est du pays, les finances publiques congolaises vacillent. Dans un communiqué publié le 13 mai 2025 après une visite à Kinshasa, le Fonds monétaire international (FMI) alerte sur un affaissement des recettes et une pression accrue sur les dépenses de sécurité.
L’intensification des combats dans l’Est de la République démocratique du Congo bouleverse l’équation budgétaire du pays. Face à l’avancée des rebelles du M23 — soutenus par le Rwanda selon l’ONU et plusieurs capitales occidentales — le gouvernement congolais doit affronter une baisse significative de ses recettes fiscales et une hausse marquée des dépenses militaires. « La fermeture des bureaux de perception dans les zones sous contrôle rebelle a conduit à un manque à gagner », alerte le Fonds monétaire international (FMI) dans un communiqué publié mardi dernier.
Depuis janvier 2025, le M23 a pris le contrôle de Goma, principal centre économique de l’Est, avant de s’emparer de Bukavu quelques semaines plus tard. Ces pertes territoriales compromettent non seulement la souveraineté de Kinshasa, mais fragilisent aussi ses recettes douanières. Le gouvernement, pour contenir les tensions sociales, a également supprimé temporairement les taxes sur plusieurs produits alimentaires de base, accentuant les difficultés budgétaires.
Dans ce contexte, le ministère des Finances a décidé en mars de doubler les salaires des militaires et policiers. Une mesure jugée nécessaire pour « remonter le moral des troupes » alors que la pression sur les forces de sécurité reste constante. Cette dépense supplémentaire, combinée à la baisse des revenus fiscaux, « exerce une pression sur le budget », note le FMI.
En réaction, Kinshasa et l’institution de Bretton Woods ont conclu un accord de principe dans le cadre de la première revue du programme triennal soutenu par la Facilité élargie de crédit (ECF). Le gouvernement congolais, selon le FMI, a « réaffirmé son engagement envers les objectifs du programme, recalibré pour refléter les nouvelles réalités » provoquées par la guerre.
L’objectif est désormais double : préserver la viabilité budgétaire tout en dégageant des marges de manœuvre pour faire face aux besoins sécuritaires et humanitaires. Le FMI assure que ce nouveau cadre doit permettre d’ajuster les priorités économiques sans renoncer aux réformes structurelles prévues. Reste à savoir si l’évolution du conflit laissera le temps nécessaire pour leur mise en œuvre.