Dans un objectif clair d’accélérer l’inclusion financière, la République Démocratique du Congo lance un projet ambitieux de numérisation de la microfinance. L’enjeu est de taille : faire passer le taux d’inclusion financière de 38,5 % à 65 % d’ici 2028.
La République Démocratique du Congo (RDC) poursuit son ambition de renforcer l’inclusion financière à travers la numérisation du secteur de la microfinance. Un contrat a été signé entre le gouvernement congolais et un consortium d’entreprises composé de Paycode Fintech Congo, Banktech Software Services et Hong-Kong Top Wise Communications. Cette collaboration vise à équiper les institutions locales de 10 000 terminaux de paiement électronique (TPE), afin de faciliter leur intégration dans le système de paiement national géré par la Banque centrale du Congo.
L’initiative, soutenue financièrement par la Banque mondiale, fait partie d’un projet plus large dénommé “Transforme“. Ce projet est conçu pour favoriser l’autonomisation des femmes entrepreneures et améliorer les conditions des petites et moyennes entreprises (PME), éléments clés pour stimuler l’économie nationale et créer des emplois. À travers ce programme, le gouvernement congolais espère également renforcer l’accès des populations à des services financiers de qualité.
Le taux d’inclusion financière en RDC, qui s’élevait à 38,5 % à la fin de l’année 2022, reste encore faible par rapport aux standards mondiaux. L’objectif de cette numérisation est de porter ce taux à 65 % d’ici 2028. Pour atteindre cette cible, il sera essentiel que les institutions bénéficiaires des TPE soient capables de les exploiter efficacement, un défi important au regard des disparités dans la couverture géographique des services financiers.
Actuellement, les institutions de microfinance et les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) jouent un rôle fondamental dans l’inclusion financière en RDC, mais leur couverture géographique reste inégale. Kinshasa, ainsi que les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, concentrent près de 70 % des IMF et COOPEC du pays. Cela montre la nécessité de renforcer l’accès aux services dans les régions moins desservies, où les infrastructures restent limitées.
En dépit de leur nombre élevé, les institutions de microfinance restent largement sous-équipées en points d’exploitation. En 2022, elles comptaient seulement 186 points de service, contre 445 pour les banques traditionnelles. Ces institutions représentent à peine 3 % des actifs du secteur financier, malgré leur nombre plus important. Cette faiblesse dans le réseau de distribution est l’un des obstacles majeurs à une inclusion financière plus large en RDC.
Les données financières de 2022 révèlent également des progrès notables. Le portefeuille de crédit des institutions de microfinance a enregistré une croissance de 21 % en 2022, atteignant 283,5 millions de dollars, contre 234,3 millions de dollars en 2021. De même, la mobilisation de l’épargne a connu une augmentation de près de 30 %, passant de 256,97 millions de dollars en 2020 à 333,76 millions de dollars en 2022. Ces chiffres montrent un potentiel de croissance dans ce secteur, bien qu’il reste encore beaucoup à faire.