Cette mesure s’inscrit dans un contexte où le pays a mis en place une interdiction temporaire des exportations de cobalt jusqu’en juin 2025, visant à mieux réguler ce secteur.
L’Entreprise générale du cobalt (EGC) devient officiellement le seul acteur habilité à exporter du cobalt artisanal en République Démocratique du Congo (RDC). Cette décision, prise par le Premier ministre et le ministre des Mines le 21 février 2025, confirme l’engagement des autorités congolaises à formaliser et réguler l’exploitation artisanale du cobalt dans le pays. Elle s’inscrit dans une série de mesures visant à renforcer le contrôle du secteur et à garantir une exploitation responsable du minerai dont la production est estimée à 114.165 tonnes en 2024.
Cette initiative fait suite à l’instauration d’une interdiction d’exportation de cobalt artisanal, dont la durée est fixée à quatre mois, jusqu’en juin 2025. Le gouvernement congolais cherche ainsi à répondre aux défis liés à la gestion du secteur, où l’exploitation artisanale représente entre 15 % et 30 % de la production nationale. L’EGC, dirigée par Éric Kalala, est désormais la seule entité capable d’acheter, stocker et exporter ce cobalt, avec l’objectif de structurer un secteur jusque-là dominé par des acteurs privés, souvent en dehors du contrôle de l’État.
La RDC souhaite avec cette mesure encadrer l’exploitation du cobalt artisanal tout en répondant à des impératifs de responsabilité sociale et environnementale. Le rôle de l’EGC, qui a été critiqué par le passé pour ses difficultés à appliquer son monopole, est désormais plus central que jamais. Dans une interview rapportée par Bloomberg, Éric Kalala a souligné que l’EGC achètera le cobalt aux mineurs artisanaux pour le stocker, évitant ainsi que l’interdiction d’exportation nuise à ces derniers, qui dépendent de la vente de leur production.
L’EGC a été créée en 2019 avec pour mission de formaliser et encadrer l’exploitation artisanale du cobalt, un secteur vital pour l’économie du pays. Cependant, la mise en œuvre de ce monopole a été semée d’embûches, notamment à cause de résistances institutionnelles et de conflits avec des entreprises privées, comme Huayou Cobalt, qui s’opposaient au contrôle exclusif de l’EGC. L’année 2022 avait d’ailleurs vu une contestation de la part de la ministre des Mines de l’époque, Antoinette N’Samba Kalambayi, qui avait jugé illégale l’étendue du monopole de l’EGC.
Les autorités congolaises ont également annoncé que les installations de traitement de cobalt, qui s’approvisionnent auprès des mineurs artisanaux, ne pourront plus exporter leur production, même après la fin de la période de suspension des exportations. Si ces sites ne respectent pas les normes fixées par l’EGC, leurs licences d’exportation seront révoquées. Cette mesure vise à garantir que l’exploitation se fasse dans des conditions respectueuses des standards internationaux.
Malgré les efforts des autorités congolaises, plusieurs défis demeurent. La compétitivité de l’EGC par rapport aux autres acteurs privés, notamment en termes de prix offerts aux mineurs, pourrait poser un problème. De plus, la question des sites d’exploitation conformes aux normes reste cruciale pour la réussite de cette réforme. La RDC devra veiller à ce que l’EGC remplisse effectivement son rôle de régulateur tout en soutenant les mineurs artisanaux.