Une récente mission du FMI a livré un état des lieux préoccupant, laissant planer le spectre d’un gel des financements vitaux, à moins de réformes urgentes, notamment dans le secteur des carburants et la gestion des finances publiques.
La République centrafricaine est à un tournant crucial de ses discussions avec le Fonds monétaire international (FMI). La mission de l’institution financière conduite du 19 au 28 mars 2025 dans le pays a jeté une lumière crue sur les défis financiers. Bien que certains progrès aient été réalisés, notamment dans la sécurité, la situation des finances publiques de la RCA reste fragile. Le FMI a notamment relevé que, malgré une reprise timide de l’aide budgétaire depuis 2023, les ressources restent insuffisantes pour stabiliser durablement les finances publiques. Les tensions sur les recettes intérieures, qui n’ont pas été à la hauteur des attentes, risquent de compromettre la conclusion des 3e et 4e revues de la facilité élargie de crédit (FEC), une étape clé pour garantir de nouveaux financements.
Au cœur de ces négociations, les autorités centrafricaines sont confrontées à une réforme du secteur des carburants, dont l’impact sur les finances publiques est crucial. Le FMI souligne que, malgré l’augmentation des recettes ces dernières années, les prix élevés des carburants, combinés à un marché de l’énergie sous-performant, continuent de peser lourdement sur la consommation des ménages et l’activité économique. La question du monopole d’importation des produits pétroliers accordé à Neptune Oil reste également un point de friction, en dépit des efforts de réforme annoncés par le gouvernement.
Une des propositions du FMI pour alléger la situation est l’arrivée d’une subvention en carburants de la Fédération de Russie, qui pourrait apporter un répit aux finances publiques du pays. Cependant, cette aide reste insuffisante à long terme, et des réformes structurelles plus profondes sont nécessaires. En particulier, l’audit des coûts d’approvisionnement en carburants, déjà recommandé par le FMI, doit permettre de clarifier les marges et d’ajuster la fiscalité pétrolière, dans l’objectif de baisser les prix à la pompe et améliorer les recettes fiscales.
Le contexte sociopolitique difficile de la RCA, marqué par des besoins sociaux croissants et une pression budgétaire exacerbée par les élections à venir, ajoute une dimension complexe à ces négociations. Le FMI met en garde contre l’impact négatif d’une possible suspension partielle de l’aide américaine, soulignant que cela pourrait aggraver la situation. Les autorités centrafricaines devront faire des arbitrages difficiles dans le cadre du budget révisé pour 2025, afin de mieux équilibrer les dépenses et sécuriser les financements nécessaires à la stabilité économique du pays.
Cependant, malgré ces tensions, le FMI reste optimiste quant à la croissance économique du pays, estimée à 1,8 % en 2024 et à 2,9 % en 2025. Cette progression serait soutenue par des secteurs résilients comme les télécommunications, ainsi que par la reprise du secteur minier, notamment grâce à la levée de l’embargo sur les diamants. Toutefois, les risques restent importants, liés notamment à la situation énergétique et aux pressions économiques exacerbées par les élections. Le FMI salue néanmoins les efforts en matière de numérisation de l’administration fiscale, soulignant que la mise en place des procédures de télépaiement est un pas important vers la sécurisation des recettes fiscales.