Les ports de Douala et Kribi au Cameroun, sont au cœur d’une affaire judiciaire visant le groupe Bolloré. Une plainte déposée par le collectif “Restitution pour l’Afrique (RAF)” accuse l’entreprise d’avoir retenu près plusieurs millions d’euros de redevances et d’amendes dues à l’Etat.
Les ports de Douala et de Kribi, infrastructures stratégiques pour l’économie camerounaise, sont au cœur d’une nouvelle affaire judiciaire impliquant Bolloré. Selon une plainte déposée par le collectif panafricain “Restitution pour l’Afrique (RAF)”, le groupe français aurait indûment conservé près de 60 millions d’euros (près de 40 milliards FCFA) de redevances et d’amendes liées à ses concessions portuaires dans le pays. Ces fonds, qui auraient dû être reversés à l’État, alimentent les soupçons de favoritisme, de trafic d’influence, de recel et de prise illégale d’intérêts.
Le rapport de la Commission nationale anti-corruption du Cameroun (Conac), cité dans la plainte, met en évidence des irrégularités dans l’attribution et la gestion des concessions de terminaux à conteneurs par le groupe français. Ces accusations s’ajoutent à une série de controverses qui ont jalonné la présence de Bolloré en Afrique, notamment la gestion jugée “opaque” des infrastructures portuaires et la nomination de responsables politiques locaux au sein de ses filiales.
Outre le Cameroun, quatre autres pays africains sont concernés par cette nouvelle plainte. En Côte d’Ivoire, l’attribution du terminal à conteneurs du port d’Abidjan en 2003 par l’ex-président Laurent Gbagbo, sans appel d’offres, avait déjà suscité l’indignation de la société civile et de la Banque mondiale. De même, au Ghana, le groupe aurait obtenu en 2014, de manière secrète et sans concurrence, la gestion du port de Tema, alors que 56 entreprises étaient déjà positionnées, toujours selon la plainte. La méthode retenue pour calculer la durée d’exploitation du port aurait en outre conduit à “une perte nette de 4,1 milliards de dollars pour le Ghana”.
Le Togo et la Guinée figurent également parmi les nations où les pratiques du groupe français sont remises en cause. Cette plainte, qui vise notamment Vincent Bolloré et son Cyrille Bolloré, s’inscrit dans une dynamique inédite visant à “cibler le corrupteur”, plutôt que les seuls dirigeants africains ayant bénéficié de pratiques illicites. Les plaignants espèrent ainsi voir appliquer la loi française de 2021, qui permet de restituer aux populations africaines les avoirs saisis dans des affaires de “biens mal acquis”. Contacté par l’AFP, le groupe Bolloré n’a pas réagi à ces nouvelles accusations.