Lors de la présentation officielle de l’annuaire statistique 2024, le ministre camerounais des PME a salué la vitalité entrepreneuriale du pays, avec un record de 22 000 entreprises créées par an. Un dynamisme toutefois largement porté par Yaoundé et Douala, tandis que plusieurs régions périphériques peinent à suivre.
Le Cameroun consolide sa dynamique de création d’entreprises. C’est ce qui ressort de l’atelier de présentation de l’annuaire statistique 2024 des PME, présidé le 13 mai à Yaoundé par Achille Bassilekin III, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat. En dépit des effets persistants de la crise économique post-Covid, le pays enregistre près de 22 000 créations d’entreprises chaque année, doublant presque les objectifs initiaux fixés avant 2019.
Ce dynamisme entrepreneurial reste toutefois fortement polarisé. En 2024, près de 79 % des nouvelles PME ont vu le jour à Yaoundé (46,6 %) et Douala (32,2 %). Entre 2022 et 2024, la capitale administrative a vu les créations d’entreprises passer de 5 358 à 9 858, soit un bond de 4 500. La capitale économique, Douala, a enregistré une hausse plus modeste, mais significative : 1 099 nouvelles PME sur la même période.
À l’inverse, les autres régions du pays restent à la traîne. Les villes comme Garoua (2,7 %), Bamenda (2,4 %), Bertoua (2,2 %) ou encore Ngaoundéré (1,7 %) peinent à attirer les initiatives entrepreneuriales. Pire encore, certaines régions enregistrent un recul. C’est le cas de Garoua, où le nombre de créations est passé de 954 en 2022 à 579 en 2024, ou d’Ebolowa, qui est passée de 183 à 142 PME créées.
Le cas du Sud, particulièrement préoccupant, soulève des interrogations. Malgré la présence stratégique du Port autonome de Kribi (PAK), infrastructure majeure susceptible de dynamiser les secteurs agroalimentaires et de services, la région n’affiche toujours pas de performance significative. Depuis 2018, les chiffres y sont restés « très timides », selon le rapport du ministère.
Pour le ministre Achille Bassilekin III, cette croissance différenciée appelle à des politiques d’accompagnement plus ciblées. « Le Cameroun aujourd’hui, c’est environ 460 000 PME. C’est un chiffre considérable. Mais il convient désormais d’interroger les disparités régionales pour renforcer l’équilibre du développement entrepreneurial », a-t-il déclaré en clôture des travaux. Une feuille de route semble désormais attendue pour que les régions périphériques cessent d’être les oubliées de l’effort national de création d’entreprises.