La décision de la Cour internationale de justice reconnaissant la souveraineté de Malabo sur trois îlots face au Gabon ouvre l’accès à de nouvelles eaux potentiellement riches en hydrocarbures. Une victoire diplomatique qui ne suffira pas, à elle seule, à enrayer le déclin du secteur pétrolier équato-guinéen.
La Guinée Equatoriale a remporté, lundi 19 mai, un arbitrage diplomatique d’importance. Saisie d’un litige vieux de plusieurs décennies, la Cour internationale de justice a reconnu la souveraineté de Malabo sur les îles de Mbanie, Cocotiers et Conga, situées dans le golfe de Guinée. Ces îlots inhabités, mais stratégiquement positionnés, pourraient élargir significativement la zone économique exclusive du pays, dans une région à fort potentiel pétrolier.
La portée géopolitique de cette décision est indéniable, mais son impact économique reste à construire. Car la Guinée Equatoriale fait aujourd’hui face à une érosion sévère de sa production d’hydrocarbures. Celle-ci est passée de près de 400 000 barils par jour en 2004 à seulement 60 000 en 2024. L’abandon du champ de Zafiro par ExxonMobil en 2022 a marqué un tournant : il a laissé la société publique GEPetrol à la tête d’infrastructures vieillissantes, avec une maîtrise technique encore limitée.
L’accès sécurisé aux eaux entourant les trois îlots pourrait relancer l’intérêt pour l’exploration offshore. Les champs voisins de Ceiba et Okume, opérés par Kosmos Energy et Panoro Energy, abritent encore des ressources estimées à plus de 180 millions de barils. Pourtant, la zone reste peu étudiée : les données sismiques disponibles sont parcellaires, et aucune évaluation approfondie n’a encore été menée sur les nouvelles zones désormais sous souveraineté équato-guinéenne.
Cette victoire judiciaire pourrait toutefois servir de levier pour restaurer l’attractivité du pays auprès des majors pétrolières. Encore faudra-t-il pour cela offrir un cadre réglementaire clair, une gouvernance crédible et des incitations solides. Le gouvernement, qui cherche à repositionner la Guinée Equatoriale comme hub énergétique sous-régional, a désormais l’occasion de concrétiser ce narratif au-delà de l’effet d’annonce.
Rien n’est encore joué. Le redéploiement d’une stratégie amont cohérente demandera du temps, des capitaux et des compétences. Le contexte international, marqué par une compétition accrue pour les investissements dans les hydrocarbures africains, impose une exécution rapide et rigoureuse. La souveraineté gagnée n’est qu’un point de départ.