L’Agence de notation américaine Moody’s maintient la note B3 de la République démocratique du Congo. Croissance solide, réformes fiscales et secteur minier robuste compensent les tensions sécuritaires à l’est du pays.
Moody’s tranche sans surprise. L’agence américaine a maintenu, le 29 avril, la note B3 de la République Démocratique du Congo (RDC), assortie d’une perspective stable. Un signal de confiance, malgré la persistance du conflit à l’est du pays. L’économie congolaise garde de solides appuis. Mais les défis restent nombreux.
La RDC peut compter sur une croissance vigoureuse. Moody’s prévoit une hausse annuelle du PIB de 6 % jusqu’en 2027. Le moteur reste le cuivre. Avec 3,1 millions de tonnes produites en 2024 et 3,5 millions attendues en 2026, le secteur minier tire l’ensemble du pays. Des coûts d’exploitation bas et une main-d’œuvre compétitive soutiennent cette dynamique.
Les réformes budgétaires renforcent aussi la position du pays. Avec l’appui du FMI, les recettes publiques ont atteint 14,8 % du PIB. C’est une nette amélioration face à la moyenne de 12 % enregistrée entre 2015 et 2020. Les dispositifs comme la facturation standardisée de la TVA ou le compte unique du Trésor commencent à porter leurs fruits.
La situation budgétaire reste saine. La dette publique s’établit à 17,7 % du PIB, offrant de la marge pour absorber les chocs. Les réserves de change, à un record de 6,1 milliards de dollars, couvrent trois mois d’importations. Mais Moody’s appelle à la prudence. La dépendance aux minerais expose la RDC à la volatilité des prix mondiaux. Une baisse de la demande chinoise, dans un contexte de tensions commerciales, pourrait fragiliser l’équilibre.
La situation sécuritaire inquiète. Le conflit au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, avec le M23 toujours actif, pèse sur les finances publiques. Moody’s prévient : une escalade pourrait perturber les mines. Les derniers développements laissent entrevoir un apaisement, mais la situation reste fragile, selon les Nations unies. À cela s’ajoutent des faiblesses structurelles : corruption, faible gouvernance, infrastructures insuffisantes.
Cette note a néanmoins un effet positif. Si l’État reste peu présent sur les marchés internationaux, les entreprises en profitent. Ivanhoe Mines, actif dans le cuivre, a déjà levé jusqu’à 750 millions de dollars. Rawbank, première banque du pays, bénéficie de financements internationaux. Enfin, pour les investisseurs étrangers, cette notation modère les primes de risque. Mais tant que les défis sécuritaires et institutionnels ne seront pas réglés, les exigences de rendement resteront élevées.