Alors que les négociations entre Kinshasa et Washington s’intensifient, la RDC envisage un nouveau partenariat stratégique avec les États-Unis autour des minéraux critiques. Une démarche qui s’inscrit dans une volonté de diversification et de rééquilibrage des influences étrangères dans son secteur minier, largement dominé par la Chine.
La République démocratique du Congo (RDC) pourrait conclure d’ici fin juin un accord majeur sur les minéraux avec les États-Unis, apprend-on de Financial Times. Une coopération qui symbolise les efforts de Kinshasa pour diversifier ses alliances économiques, notamment dans le secteur minier stratégique. Une nouvelle série de discussions bilatérales est prévue cette semaine à Washington. Si les contours exacts du texte restent confidentiels, les négociations s’inscrivent dans un double objectif : sécuriser l’approvisionnement américain en minerais critiques et affirmer une souveraineté plus équilibrée face à la domination chinoise.
Le pays dirigé par Felix Tshisekedi, premier producteur mondial de cobalt et deuxième de cuivre, joue un rôle central dans l’approvisionnement mondial en ressources nécessaires à la transition énergétique. Cette position attire les convoitises. Kinshasa entend désormais « réduire la domination chinoise dans son secteur minier », selon des sources proches du dossier, en recherchant de nouveaux partenariats industriels et géopolitiques. Si la Chine contrôle actuellement une large part des infrastructures d’extraction et de transformation, les autorités congolaises veulent rééquilibrer cette influence par des accords plus transparents avec des partenaires occidentaux. L’accord en discussion avec Washington constituerait une première concrétisation de cette ambition.
L’accord ne se limite pas à des considérations commerciales. Il s’inscrit également dans une démarche diplomatique plus large liée à la stabilisation de l’est du pays, en proie à une résurgence des violences liées aux groupes armés. Le conseiller spécial américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a confirmé récemment la présentation d’un « premier projet d’accord de paix » aux autorités congolaises et rwandaises. L’idée est d’établir, selon les termes de Washington, une chaîne de valeur « légale et transparente » autour des minerais, avec l’implication d’investisseurs privés américains. Cette stratégie lie l’accès aux ressources à un cadre de paix régional, condition sine qua non pour garantir la sécurité des flux miniers.
En parallèle des négociations interétatiques, les entreprises américaines manifestent un intérêt accru pour les métaux stratégiques congolais. Début mai, la société KoBold Metals — soutenue notamment par Bill Gates et Jeff Bezos — a signé un accord-cadre avec Kinshasa. Le texte prévoit un investissement d’un milliard de dollars pour exploiter une portion du gisement de lithium de Manono, un des plus importants d’Afrique. Ce métal est de plus en plus recherché pour les batteries électriques. Cette annonce confirme que les États-Unis entendent jouer un rôle plus actif dans les chaînes d’approvisionnement des minerais dits critiques, tout en consolidant leur présence économique en Afrique.
Si l’accord avec les États-Unis se concrétise, il marquera un tournant dans la politique minière congolaise. À travers cette nouvelle orientation, Kinshasa tente de tirer parti de son poids dans le commerce mondial des matières premières pour renforcer sa marge de manœuvre diplomatique. Il reste toutefois à voir si les engagements américains seront suivis de projets concrets, à la fois sur le plan industriel et en matière de développement local. De leur côté, les entreprises chinoises déjà implantées pourraient réagir, dans un secteur hautement compétitif et stratégique. Pour la RDC, l’enjeu est désormais de transformer cette diversification en un levier de croissance durable, tout en préservant sa stabilité politique et territoriale.