Dans un contexte international marqué par un recul des prix du minerai de fer, le pays d’Oligui Nguéma fait le choix de miser sur cette ressource pour diversifier son économie minière. Un pari audacieux qui repose sur la transformation locale et sur l’appui d’investisseurs asiatiques, malgré les vents contraires.
Alors que les cours du minerai de fer s’orientent à la baisse sur les marchés mondiaux, le Gabon ne renonce pas à ses ambitions dans ce secteur. Le pays entend capitaliser sur ses ressources inexploitées pour réduire sa dépendance au manganèse et renforcer la résilience de son économie face aux cycles des matières premières.
En mars 2025, le gouvernement gabonais a franchi une nouvelle étape en signant une convention minière avec la société australienne Genmin, pour développer le projet de fer de Baniaka. Ce partenariat stratégique prévoit un lancement des activités commerciales dès 2026, avec le soutien de groupes sidérurgiques chinois intéressés par un approvisionnement stable et sécurisé en fer.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté des autorités gabonaises de diversifier un secteur minier encore largement dominé par le manganèse, qui représentait 40 % des exportations du pays en 2022. Avec seulement 6 % du PIB national lié à l’activité minière, Libreville voit dans le fer un levier potentiel de croissance, d’industrialisation et de création d’emplois.
Pourtant, le pari n’est pas sans risques. D’après les prévisions de la Banque mondiale, relayées en avril 2025, les prix du minerai de fer devraient poursuivre leur repli au cours des prochaines années, en raison d’une offre mondiale en forte hausse et d’une demande ralentie, notamment en Chine. Une trajectoire confirmée par d’autres cabinets d’analyse, qui projettent un prix autour de 78 dollars la tonne à l’horizon 2033.
Cette tendance pourrait peser sur les recettes attendues par l’État gabonais, mais aussi sur la rentabilité des projets miniers, comme le montre la récente chute de bénéfices enregistrée par des géants du secteur. Cependant, les autorités semblent déterminées à jouer sur d’autres leviers : infrastructure ferroviaire, transformation locale du minerai, et renforcement du cadre légal pour attirer des investisseurs fiables.
En misant sur le long terme et sur une meilleure intégration de la chaîne de valeur, le Gabon espère tirer son épingle du jeu dans un marché globalement tendu. À l’image de ce qui se profile dans la Guinée voisine avec le mégaprojet Simandou, le pays entend prouver que des projets bien structurés peuvent résister aux cycles défavorables des matières premières.