Alors que le Tchad diversifie ses accès maritimes, notamment vers la Guinée équatoriale, le Port de Douala riposte. Un nouvel accord avec le Conseil des Chargeurs du Tchad vise à préserver son statut de premier hub logistique du Sahel et d’Afrique centrale.
Sous pression face à l’émergence de nouveaux corridors logistiques dans la sous-région, le Port Autonome de Douala (PAD) renforce sa stratégie d’influence. Le 28 avril 2025, l’autorité portuaire a signé avec le Conseil des Chargeurs du Tchad (COC-TCHAD) un protocole d’accord stratégique destiné à consolider sa position de premier hub maritime pour le commerce tchadien.
Ce partenariat, d’une durée de quatre ans renouvelable, arrive à point nommé. En diversifiant ses accès à la mer, notamment via un récent accord de transit avec la Guinée équatoriale pour l’utilisation du port de Bata, N’Djamena pousse Douala à se réinventer. Le PAD, conscient des enjeux, entend séduire son partenaire historique en proposant un ensemble de mesures incitatives : simplification des formalités portuaires, réduction des délais de transit, tarification préférentielle et création de couloirs logistiques dédiés.
Au-delà des facilités administratives, le port s’engage à renforcer l’encadrement des acteurs tchadiens du commerce extérieur. Sa représentation permanente à N’Djamena sera mobilisée pour former chargeurs et transporteurs aux nouvelles procédures, gage d’une meilleure fluidité dans les opérations de transit.
Le COC-TCHAD, de son côté, prend l’engagement de promouvoir activement l’utilisation du Port de Douala auprès des opérateurs économiques tchadiens, en relayant les réformes engagées et en encourageant la fidélité au corridor historique Douala-N’Djamena. Un comité paritaire de suivi, coprésidé par les deux institutions, garantira la bonne exécution du protocole et permettra des ajustements rapides en fonction des réalités de terrain.
Pour le Cameroun, cet accord revêt une importance stratégique. Avec près de 80 % du commerce extérieur du Tchad traditionnellement transité par Douala, il s’agit non seulement de préserver un volume de trafic vital pour l’économie du corridor, mais aussi de maintenir son influence régionale face à la montée en puissance des plateformes concurrentes. Ce partenariat s’inscrit donc dans une logique plus large de modernisation des infrastructures et d’intégration sous-régionale, sur fond de concurrence croissante entre les corridors logistiques d’Afrique centrale.