Grâce à ce partenariat stratégique avec le développeur industriel panafricain ARISE IIP, le pays s’engage dans l’industrialisation de la filière, visant à maximiser la valeur ajoutée de ses exportations et à transformer son économie.
Le Tchad, avec l’un des plus grands cheptels d’Afrique, voit dans son élevage un potentiel inexploité pour l’industrialisation. En effet, le pays possède plus de 129 millions de têtes de bétail, mais ses exportations de viande transformée sont encore limitées. C’est dans ce contexte que le pays dirigé par Mahamat Deby Itno a lancé un partenariat avec ARISE IIP, un développeur industriel panafricain, afin de transformer son secteur de la viande. Et devenir un acteur clé sur le marché régional de la viande transformée.
Actuellement premier exportateur de bétail vivant d’Afrique centrale, le Tchad exporte principalement vers des marchés comme le Nigéria, le Cameroun et le Congo. Cependant, les exportations de viande transformée restent marginales, avec les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) important chaque année pour 350 millions de dollars de viande, tandis que les exportations de bétail tchadien ne génèrent que 50 millions de dollars. Cette situation incite le gouvernement tchadien à se tourner vers la transformation pour augmenter la valeur ajoutée de ses produits.
Pour inverser cette tendance, le Tchad a mis en place une joint-venture avec ARISE IIP, baptisée Laham Tchad. Ce partenariat a donné naissance au « Complexe industriel des abattoirs du Logone », situé à Moundou, qui dispose d’une capacité de traitement de 200 bovins et 400 petits ruminants par jour. Cette infrastructure, dotée d’une chaîne du froid et de normes sanitaires strictes, emploie déjà 280 personnes et permet de produire de la viande transformée de qualité.
L’ambition du projet ne s’arrête pas à la production locale. Sous la marque « Viand’Or », Laham Tchad vise à offrir une viande de qualité supérieure, issue d’un élevage respectueux de l’environnement, et à se positionner face à des concurrents internationaux comme le Brésil ou l’Inde. Le Nigéria, déjà grand consommateur de bétail tchadien, pourrait devenir un marché clé pour la viande transformée. D’autres pays, comme l’Égypte, les pays du Golfe ou encore le Gabon et le Congo, montrent un intérêt croissant pour les produits carnés tchadiens.
Le projet vise également à dynamiser toute une chaîne de valeur, de l’alimentation animale (à travers des cultures fourragères locales) à la logistique, notamment pour maintenir la chaîne du froid. Cette industrialisation génère ainsi de la valeur ajoutée non seulement par la transformation de la viande, mais aussi par les sous-produits comme le cuir et les engrais, renforçant l’économie locale et créant des emplois.
Ce partenariat stratégique marque un tournant pour le Tchad, qui entend sortir du piège des exportations brutes et faibles en valeur ajoutée. En s’appuyant sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Tchad espère également devenir un hub régional pour la viande transformée, offrant un modèle qui pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis. L’élevage devient ainsi un levier pour le développement industriel du pays.