Bien que les dépenses aient diminué en seconde moitié de l’année précédente, la dépendance du pays vis-à-vis des importations alimentaires continue de peser sur la balance commerciale et l’inflation.
Le Cameroun est toujours plus gourmand en riz importé. Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), les opérateurs économiques camerounais ont dépensé 318,5 milliards de FCFA pour importer du riz en 2024. Ce qui représente une augmentation de 59 % par rapport à 2023, l’équivalent de 117,7 milliards de FCFA. Ce bond des dépenses a accompagné une hausse des quantités importées, avec un total de 620 407,9 tonnes, ce qui représente une augmentation de 20 % par rapport à l’année précédente.
En effet, dans le pays, les importations de riz représentent une part importante du total des importations de céréales, qui ont atteint 543,7 milliards de FCFA en 2024. Le riz, quant à lui, a pesé 58,6 % de cette somme, traduisant une forte dépendance du Cameroun vis-à-vis des importations. En comparaison avec 2023, cette facture des céréales a augmenté de 40 %, soit 155,4 milliards de FCFA supplémentaires.
Le rapport du ministère des Finances sur les perspectives économiques montre que le Cameroun a dépensé 165,9 milliards de FCFA pour importer 433 000 tonnes de riz au premier semestre 2024. En seconde partie de l’année, ces dépenses ont légèrement diminué, atteignant 152,6 milliards de FCFA, une baisse de 13,3 milliards de FCFA par rapport au semestre précédent, malgré la période des fêtes de fin d’année.
Selon l’INS, « le Cameroun demeure dépendant des importations pour couvrir ses besoins en produits alimentaires, en énergie et en biens manufacturés ». Bien que le pays ait amorcé des initiatives pour réduire cette dépendance, comme le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (PIISAH) 2024-2026, les chiffres montrent qu’une grande partie des besoins alimentaires, en particulier le riz, reste comblée par des importations.
Un déficit de production qui persiste
En 2024, le Cameroun a affiché une demande de 648 085 tonnes de riz, mais la production nationale ne couvrait que 140 710 tonnes, laissant un écart de 507 375 tonnes. Ce déficit est légèrement supérieur à celui de 2023, où il était de 495 411 tonnes. Cela montre que malgré les efforts pour augmenter la production locale, la production nationale reste insuffisante pour répondre à la demande.
Dans la même lancée, le Projet de développement de la chaîne de valeur du riz au Cameroun (Pdcvrc) vise à augmenter la production nationale de riz de 10 % et à améliorer l’autosuffisance alimentaire du pays. Selon les projections, la production à l’hectare devrait augmenter de 4,25 tonnes à 6 tonnes, renforçant ainsi la sécurité alimentaire et stimulant l’économie locale.
L’évolution des importations de riz suit une tendance préoccupante pour la balance commerciale du pays. Depuis 2018, les dépenses d’importation de riz ont régulièrement augmenté, atteignant des niveaux record en 2024. Les montants sont passés de 144,1 milliards de FCFA en 2021 à 318,5 milliards en 2024, doublant presque par rapport à 2020. Cette hausse continue, couplée à l’augmentation constante du prix du riz sur le marché, accentue la pression sur l’inflation, maintenant le taux au-dessus de la norme de 3 % fixée par la Cemac.