Le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) se fixe un objectif ambitieux pour 2026 : produire 602 500 tonnes de poisson. Cette initiative intervient dans un contexte où le pays cherche à diversifier ses sources de production alimentaire tout en réduisant son déficit commercial. Le secteur halieutique est ainsi au cœur de la stratégie, visant à satisfaire la demande nationale et réduire les importations. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement mise sur la mobilisation du secteur privé. Les acteurs privés joueront un rôle clé dans l’augmentation de la production et la mise en place des infrastructures nécessaires. L’Etat entend soutenir ces opérateurs par des financements et des formations adaptées aux enjeux du secteur.
Une partie importante du plan réside dans la sécurisation des terres. 400 000 hectares seront aménagés, notamment dans la plaine centrale, pour faciliter l’exploitation halieutique. Le désenclavement des bassins de production permettra également une meilleure distribution des produits dans tout le pays, facilitant l’approvisionnement du marché local. Le gouvernement mettra en place des mesures pour améliorer la production de poisson, en ciblant la transformation et la commercialisation. Des recherches seront vulgarisées pour optimiser les pratiques de pêche, et les acteurs du secteur bénéficieront d’un accès facilité aux financements nécessaires.
Le financement du Piisah est estimé à 1 500 milliards FCFA. À ce jour, le Cameroun a déjà mobilisé 800 milliards FCFA, soit plus de la moitié du montant nécessaire. Toutefois, un gap de 700 milliards FCFA reste à combler, avec une part significative devant être couverte par des partenaires techniques et financiers.
Le Cameroun demeure dépendant des importations de poisson malgré une légère baisse enregistrée entre 2022 et 2023. En effet, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), bien que les importations aient diminué de 3% en volume, passant de 241 798 tonnes à 234 572 tonnes, elles restent insuffisantes pour couvrir le déficit de production. Le pays continue de faire face à un écart important entre la production locale et la demande intérieure, estimée à 500 000 tonnes par an. D’après la même source, en 2023, la production locale de poisson a atteint 230 000 tonnes, créant ainsi un déficit de 270 000 tonnes. Ce manque de production locale oblige le pays à recourir aux importations pour combler cette différence et répondre à la demande intérieure.
Malgré les efforts du gouvernement pour réduire cette dépendance, notamment à travers l’aménagement des bassins de production maritime et continentale et le soutien à l’aquaculture, la situation reste préoccupante. En 2023, la baisse de la production locale de poisson a été estimée à 1% par rapport à l’année précédente, ce qui rend difficile la réduction du déficit. Et les importations de poissons ont couté 182,5 milliards de FCFA.