Le Gabon traverse un épisode décisif dans sa gestion économique avec le limogeage de Mays Mouissi de son poste de ministre de l’Économie et des Participations. Cette décision, prise par le président Brice Clotaire Oligui Nguema à quelques mois de l’élection présidentielle devant marquer la fin de la transition, intervient dans un contexte marqué par la nouvelle suspension des décaissements de la Banque mondiale (BM) en faveur du pays. Entre divergences stratégiques, défis de gouvernance et tensions sur la scène internationale, cet événement soulève des questions cruciales sur les orientations économiques du Gabon.
Un contexte tendu
La suspension des financements de la BM, annoncée le 13 janvier 2025, a été attribuée à des arriérés de dette de 17 milliards de FCFA. Cette insolvabilité, bien que présentée comme « ponctuelle » par le ministère des Comptes publics, reflète des tensions structurelles dans la gestion financière du pays. Depuis juillet 2024, date de la dernière levée de suspension des financements par la BM, le Gabon a peiné à maintenir une trajectoire stable, jonglant entre des initiatives sociales ambitieuses et des engagements internationaux exigeants.
Le portefeuille actuel de la BM au Gabon s’élève à 214,50 millions de dollars, auxquels s’ajoutent les engagements de l’IFC et de la Miga pour un total de 269,5 milliards de FCFA. Ces chiffres soulignent l’importance cruciale de ces financements pour l’économie gabonaise. La suspension répétée de ces décaissements érode la crédibilité du Gabon sur les marchés financiers et fragilise sa capacité à mobiliser les ressources indispensables à son redressement économique.
Oligui – Mouissi : une érosion de la confiance ?
Mays Mouissi, nommé ministre de l’Économie avec l’espoir de redynamiser un secteur stratégique, a vu sa relation avec le président Oligui Nguema se ramollir ces derniers mois, selon les médias gabonais. Selon Gabon Review, l’opération de rachat anticipé de 180 milliards de FCFA de l’Eurobond 2015, pourtant saluée par les analystes comme une mesure éclairée, semble avoir été mal perçue par le général-président. Ce différend, combiné à la pression induite par la suspension des financements de la BM, a probablement scellé le sort de M. Mouissi.
Son remplacement par Mark Alexandre Doumba témoigne de la volonté du président de restructurer une équipe gouvernementale face à des défis économiques majeurs. Cependant, la nomination de Mays Mouissi au ministère de l’Environnement et du Climat pose question : s’agit-il d’une sanction ou d’une opportunité de mettre son expertise au service d’un secteur stratégique pour le Gabon ?