Alors que JP Morgan anticipe une envolée historique du prix de l’or, la République démocratique du Congo (RDC), l’un des producteurs majeurs du continent, voit sa production industrielle et artisanale chuter. Un paradoxe qui pourrait priver Kinshasa d’importantes recettes, au moment où le métal jaune attire les investisseurs du monde entier.
Le cours de l’or poursuit son irrésistible ascension. Selon JP Morgan, l’once pourrait atteindre les 4000 dollars au deuxième trimestre 2026, sous l’effet conjugué des tensions géopolitiques, d’un ralentissement économique mondial et de politiques monétaires accommodantes aux États-Unis. Une situation qui ravive l’intérêt des banques centrales et des investisseurs pour le métal précieux, désormais perçu comme une valeur refuge incontournable.
Mais pendant que le monde capitalise sur cet envol, la République démocratique du Congo, pourtant riche en ressources aurifères, traverse une phase de repli. En 2024, la mine industrielle de Kibali — fleuron de la production congolaise — a vu ses volumes chuter à 686 000 onces, son plus bas niveau depuis cinq ans. Pire encore, l’or issu du secteur artisanal, souvent plus difficile à encadrer, connaît une chute spectaculaire de ses exportations officielles : moins de 2 tonnes exportées en 2024, contre plus de 5 tonnes un an plus tôt.
Le tableau s’assombrit davantage en 2025. Les troubles persistants dans l’Est du pays, couplés aux difficultés logistiques de la société publique DRC Gold Trading SA, favorisent la contrebande et affaiblissent la chaîne légale d’approvisionnement. La conséquence est directe : alors que les prix flambent, la RDC n’est pas en position de profiter de cette aubaine. Son absence accrue du marché officiel pourrait même, paradoxalement, contribuer à maintenir les cours élevés en réduisant l’offre mondiale.
Pendant ce temps, les grands acteurs de la finance spéculent. JP Morgan prévoit une demande moyenne de 710 tonnes par trimestre en 2025, portée par les achats massifs des banques centrales et les tensions sino-américaines. Le 22 avril 2025, le cours de l’or a franchi pour la première fois les 3500 dollars l’once, dans un contexte de guerre commerciale et de bras de fer entre la FED et le président Trump, qui pousse pour une baisse des taux d’intérêt. Un contexte qui alimente encore davantage la fièvre autour du métal jaune.
Dans ce contexte de flambée mondiale, la pression monte sur les autorités congolaises. Face à une production en recul et à l’explosion des cours, la nécessité de renforcer les mécanismes de traçabilité, de sécuriser les zones minières et de relancer la filière artisanale devient urgente. Plusieurs acteurs locaux plaident déjà pour une réforme en profondeur du secteur aurifère, afin de remettre la RDC au cœur des circuits légaux et capter une part significative de la valeur ajoutée générée par ce boom.