Le 28 avril 2025, le Cameroun et le Tchad inaugureront un pont de 620 mètres entre Yagoua et Bongor, sur le fleuve Logone. Un chantier structurant de plus de 90 milliards FCFA, cofinancé par la BAD et l’Union européenne, qui ambitionne de fluidifier les échanges entre les deux pays et de dynamiser les économies frontalières.
Le pont sur le Logone entre Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad) est prêt. Après cinq ans de travaux, l’infrastructure sera officiellement inaugurée ce 28 avril. Dans une correspondance adressée au gouverneur de l’Extrême-Nord, le ministre des Travaux publics a confirmé la présence des Premiers ministres des deux pays à cette cérémonie bilatérale. Selon Emmanuel Nganou Djoumessi, il s’agira d’un moment symbolique pour “l’intégration régionale et la mobilité transfrontalière”.
Le pont, long de 620 mètres, constitue la deuxième infrastructure du genre reliant le Cameroun au Tchad après celui de Nguéli (Kousseri-N’Djamena). D’un cout global de 92 milliards de FCFA, mobilisé grâce à un prêt de la Banque africaine de développement (BAD) et un don de 40 millions d’euros de l’Union européenne, soit environ 26 milliards FCFA. Le remboursement du prêt sera assuré par les deux pays, avec une clé de répartition de 58 % pour le Cameroun et 42 % pour le Tchad. Le chantier, confié au consortium Razel Cameroun–Razel Fayat–Sotcocog, a respecté une durée contractuelle de 36 mois, malgré les défis logistiques et sécuritaires dans la région.
Au-delà du pont, le projet inclut 14,2 km de routes d’accès – dont 6,8 km côté camerounais et 7,4 km côté tchadien – ainsi que plusieurs infrastructures frontalières et socio-économiques. Ces aménagements, selon la BAD, visent à faciliter le passage des personnes et des marchandises dans un cadre sécurisé, avec des postes douaniers et de contrôle modernisés, et une signalisation améliorée. L’ensemble s’inscrit dans une logique de connectivité régionale durable, au service des populations des deux rives.
L’ouvrage arrive à un moment clé pour le commerce sous-régional. Chaque année, près de 350 milliards FCFA de marchandises tchadiennes transitent par le Cameroun, notamment via le corridor Douala-Ndjamena. Le pont de Yagoua devrait désengorger les flux qui passent aujourd’hui principalement par le pont de Nguéli à Kousseri, et réduire les délais de transport. Pour l’Extrême-Nord, souvent enclavée et marginalisée, ce pont représente une porte d’entrée vers une meilleure intégration économique.
Ce pont symbolise plus qu’un lien physique : c’est un outil d’intégration régionale dans une sous-région souvent freinée par ses frontières. En misant sur le renforcement de ses liaisons avec ses voisins, le Cameroun confirme son rôle de hub logistique en Afrique centrale. Reste désormais à garantir la sécurité du corridor, la maintenance des infrastructures, et surtout l’implication des acteurs locaux pour que le pont de Yagoua devienne un moteur de développement durable.