Le barrage de Kikot, situé dans la région du Centre du Cameroun, est l’un des projets énergétiques les plus ambitieux du pays. Porté par la société Kikot-Mbebe Hydro Power Company (KHPC), ce projet vise à installer une centrale hydroélectrique d’une capacité de 500 mégawatts, ce qui en ferait la plus grande centrale du Cameroun, devant le barrage de Nachtigal, dont la capacité finale attendue est de 420 MW. Ce projet est également prometteur pour la sous-région d’Afrique centrale, où il pourrait devenir la plus grande infrastructure bas-carbone jamais réalisée.
L’un des aspects majeurs de ce projet est son coût, qui dépasse les 650 milliards de FCFA, soit plus d’un milliard d’euros. Ce financement sera assuré par la Banque mondiale à travers la Société Financière Internationale (SFI), ainsi que par d’autres partenaires financiers. Ce montant élevé est justifié par la complexité du projet, qui comprend la construction d’un barrage de 1200 mètres de long, une usine équipée de six turbines Kaplan d’une puissance de 83,3 MW chacune et une hauteur de chute de 35 mètres. Ces caractéristiques techniques, ainsi que l’impact environnemental réduit de cette infrastructure, justifient le coût global de l’aménagement.
L’appel d’offres pour les entreprises du secteur
Depuis le 27 janvier 2025, KHPC a lancé une « invitation à sélection initiale » en vue de l’appel d’offres pour les travaux de construction de ce barrage. Les entreprises, qu’elles soient nationales ou internationales, peuvent postuler pour un ou plusieurs lots du projet. Ces lots incluent des travaux de génie-civil, d’équipements hydromécaniques, d’équipements électromécaniques pour l’usine et des travaux de génie-civil de second œuvre, ainsi que la construction de la ligne d’évacuation d’énergie et des postes d’évacuation. Les candidats devront respecter certaines conditions, telles que ne pas être sous le coup d’interdictions de la part de l’État du Cameroun, de la Banque mondiale ou de la SFI.
Le projet de Kikot représente une avancée majeure pour le secteur énergétique du Cameroun. Une fois achevé, il permettra de répondre à une demande croissante en énergie tout en contribuant à la réduction de l’empreinte carbone du pays. Avec la production d’une énergie propre et durable, le barrage de Kikot pourrait également avoir un impact positif sur l’économie nationale en stimulant d’autres secteurs, notamment l’industrie et l’agriculture, grâce à l’accès à une énergie stable et bon marché. Avec un démarrage prévu pour 2025 et une livraison en 2030, ce projet pourrait transformer le paysage énergétique du pays et renforcer la position du Cameroun en tant qu’acteur clé de l’énergie en Afrique centrale.
Le Cameroun possède le deuxième plus grand potentiel hydroélectrique en Afrique, avec 12 000 MW, mais sa capacité installée actuelle ne dépasse pas 1200 MW. La demande en électricité connaît une croissance annuelle de 6 à 8%, ce qui entraîne un déficit énergétique notable. En 2021, la demande était estimée à 1379 MW, tandis que l’offre ne couvrait que 1047 MW, créant ainsi un écart de 330 MW. Cette situation se complique encore avec le fait que seulement 63,5% de la population camerounaise a accès à l’électricité, soulignant l’urgente nécessité d’améliorer l’approvisionnement énergétique.
Pour pallier ce déficit et soutenir une croissance économique de 9,5%, le gouvernement camerounais a lancé un ambitieux programme de construction d’infrastructures énergétiques. Selon le Comité monétaire et financier du pays, 3000 MW supplémentaires sont nécessaires pour atteindre cet objectif. Le parc énergétique camerounais est composé principalement de centrales hydroélectriques (61,7%), suivies par des centrales thermiques (24,1%), à gaz (14,1%) et de faibles installations solaires (0,1%). Ce plan de développement vise à augmenter la capacité installée pour répondre aux besoins croissants du pays.