L’Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT) a lancé le 21 janvier 2025 le projet intitulé « Appui au secteur privé du marché intérieur du bois » (ASP MIB Congo). Ce programme, qui s’étendra sur quatre ans, a pour objectif principal de professionnaliser un secteur du bois en République du Congo encore dominé par l’informel. Selon l’ATIBT, « ce projet répond à un défi crucial : la structuration et la professionnalisation de la filière bois domestique, actuellement caractérisée par l’informel qui compromet la durabilité des ressources forestières et les revenus de l’État. »
Le Congo possède, selon le ministère de l’économie et des finances, une couverture forestière de 22,4 millions d’hectares, soit 65% de son territoire, et une grande variété d’espèces d’arbres exploitées dans l’industrie du bois. Cependant, seule une petite fraction de ces ressources est exploitée de manière commercialement intéressante, ce qui met en lumière le potentiel inexploité du secteur. Ce projet s’inscrit dans une volonté de maximiser cette richesse tout en assurant la durabilité de l’exploitation forestière.
Deux axes stratégiques pour la transformation du secteur
Le projet ASP MIB Congo se divise en deux axes principaux. Le premier axe porte sur l’amélioration des mécanismes de gestion durable du secteur. Cela inclut des initiatives telles que le développement d’une stratégie de communication pour améliorer la visibilité de la filière bois, attirer des investisseurs et promouvoir des produits locaux à travers un label “Made in Congo”. Cette initiative vise à valoriser les produits du pays et à encourager une meilleure organisation du secteur pour maximiser les bénéfices économiques.
Le deuxième axe se concentre sur le renforcement des capacités techniques et financières des acteurs locaux, notamment à travers des formations sur les techniques modernes de transformation du bois. Cela inclut l’accompagnement des petits exploitants pour l’obtention des permis d’exploitation domestique et la facilitation de l’accès aux financements pour les entreprises locales. Ce volet vise à accroître les compétences des artisans et des petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent une part importante de l’économie informelle du secteur.
Le poids économique du secteur forestier
Le secteur forestier en République du Congo joue un rôle fondamental dans l’économie du pays. D’après la Banque Mondiale, il représente environ 5,3% du PIB national. En 2016, le pays était un important producteur de feuillus tropicaux, tels que les grumes, les avivés et les panneaux, qui sont des produits clés dans l’industrie du bois. Cependant, ce secteur fait face à des difficultés liées à la gestion durable des ressources, à la faible productivité de certaines exploitations, et à un cadre réglementaire souvent insuffisant pour encadrer les pratiques informelles.
En 2024, la Banque mondiale a estimé que plus de 35 entreprises forestières formelles étaient en activité, générant plus de 7 000 emplois directs et environ 15 000 emplois indirects. Cependant, le secteur informel reste prépondérant, avec de nombreuses petites entreprises opérant sans régulation claire, ce qui entrave la croissance et la rentabilité du secteur.
L’un des obstacles majeurs à la modernisation de la filière bois domestique au Congo réside dans l’accès limité des acteurs locaux au financement. Le secteur forestier, particulièrement les petites exploitations et les PME, peine à obtenir les ressources nécessaires pour se moderniser et adopter des pratiques plus durables. Le projet ASP MIB Congo a pour objectif de faciliter cet accès au financement en soutenant les entreprises locales dans leur recherche de fonds et en favorisant les investissements dans des pratiques de gestion durable.
Le renforcement de la compétitivité des acteurs locaux, couplé à un meilleur accès aux ressources financières, pourrait transformer la filière du bois domestique en un secteur plus structuré et plus performant. Cela permettrait à la fois de mieux gérer les ressources forestières et de maximiser les retombées économiques pour le pays.