Cette suspension du contrat de distribution d’électricité attribué à Société nationale sénégalaise (Senelec) intervient tout juste deux semaines après l’attribution de ce marché à l’opérateur sénégalais.
Le gouvernement congolais suspend le contrat de 10 ans de distribution d’électricité attribué à la Société nationale sénégalaise (Senelec). “On s’arrête tout en attendant la décision de la commission technique”, a déclaré le 27 février 2024, au cœur de l’Assemblée nationale congolaise, Isidore Mvouba. Cette annonce fait suite à une série de manifestations et à des tensions sociales, soulevant des inquiétudes autour de l’accord entre la société publique congolaise E2C (Énergie Électrique du Congo) et l’opérateur sénégalais. Le contexte de cette décision est aussi marqué par la proximité des élections et par la pression des syndicats.
L’accord avait été signé un peu plus tôt, le 13 février, entre le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique du Congo, Émile Ouosso, et le directeur général de Senelec, Pape Mamadou Diop. Cette signature faisait suite à un appel d’offres international dans lequel l’entreprise sénégalaise avait été retenue face à des concurrents tels qu’Hydro Opération International et Mrad Company. Le choix de Senelec se justifiait par un dossier jugé comme étant le meilleur, à la fois technique et adapté aux réalités du terrain africain.
Cependant, cette décision n’a pas été bien reçue par tous, notamment par les travailleurs syndiqués d’E2C. Ceux-ci ont exprimé de vives inquiétudes concernant les conséquences du contrat pour les emplois et les conditions de travail des employés. Lors d’une manifestation le 21 février, ils ont exigé l’annulation du contrat, menaçant de poursuivre leur action si leurs revendications n’étaient pas entendues dans un délai de sept jours. Ces tensions sociales ont poussé Isidore Mvouba à prendre une position prudente, soulignant la nécessité de “ne pas avoir de remous dans une année électorale”, soulignant que l’énergie est un sujet d’importance nationale.
L’accord signé stipule que SENELEC, via sa filiale locale, prendra en charge pendant dix ans la gestion de la distribution de l’électricité au Congo. Elle sera également responsable de l’entretien, de la maintenance, ainsi que de la gestion du service public de l’électricité, y compris les systèmes de facturation. Bien que cette gestion soit confiée à SENELEC, l’État congolais conservera le contrôle des tarifs de l’électricité, notamment pour maintenir un tarif social adapté à la population. Le contrat visait donc à moderniser et améliorer la distribution de l’électricité dans un pays où l’accès à l’énergie reste un défi majeur.
La situation énergétique au Congo est complexe. Actuellement, seulement 40% des habitants des zones urbaines bénéficient de l’électricité, et ce chiffre chute à 10% en milieu rural. Ces chiffres témoignent des défis énormes auxquels le pays fait face pour améliorer l’accès à l’énergie. Le projet de Senelec, qui prévoit des investissements et des améliorations dans le système électrique du pays, pourrait avoir un impact significatif sur la vie des Congolais, en particulier dans un contexte où l’énergie est devenue un enjeu essentiel pour le développement économique et social.
La suspension du contrat soulève également des questions plus larges sur la gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources énergétiques du pays. En effet, bien que la Banque Mondiale soit impliquée dans le financement du projet à hauteur de 100 millions de dollars, la mise en œuvre du contrat pourrait être freinée par les tensions sociales et politiques. En suspens, ce contrat pourrait avoir des conséquences importantes sur l’avenir énergétique du pays, et notamment sur la capacité du Congo à moderniser son infrastructure tout en préservant la stabilité sociale et politique.