Le dernier classement de l’Alliance transnationale pour la lutte contre le commerce illicite (TRACIT) révèle une performance préoccupante du Cameroun, classé 143e sur 158 pays. Cette position souligne les défis persistants du pays en matière de gouvernance, de transparence et de contrôle aux frontières.
Le Cameroun est en queue de peloton mondial. Selon l’édition 2025 de l’Illicit Trade Index publiée par TRACIT, le Cameroun se classe 143e sur 158 pays évalués pour leur résilience face au commerce illicite. Ce classement le place parmi les 15 pays les plus vulnérables au monde, aux côtés de nations confrontées à des crises profondes telles que le Yémen et le Venezuela. Cette position reflète des lacunes significatives dans les mécanismes de régulation, de transparence et de lutte contre la corruption.
Dans la région Afrique centrale, le Cameroun n’est pas un cas isolé. La République du Congo et le Gabon occupent respectivement les 126e et 132e places mondiales. La Guinée équatoriale, le Tchad et la République centrafricaine ferment la marche avec des classements encore plus bas. Cette situation met en évidence des défis communs tels que des frontières poreuses, une coordination inter-agences insuffisante et des capacités limitées en matière d’application des lois.
Le commerce illicite engendre des pertes fiscales importantes pour les États, estimées à plusieurs milliards de dollars annuellement. Il alimente également des réseaux criminels, compromet la sécurité publique et nuit à la compétitivité des entreprises légitimes. Au Cameroun, ces activités illicites affectent des secteurs clés tels que les hydrocarbures, les produits pharmaceutiques et les biens de consommation courante.
Malgré des initiatives gouvernementales pour renforcer la lutte contre le commerce illicite, les résultats restent limités. Les réformes législatives peinent à être mises en œuvre efficacement, et la coopération entre les différentes agences reste faible. La corruption endémique et le manque de ressources humaines et financières entravent également les efforts de lutte.
D’autres pays africains montrent la voie en matière de lutte contre le commerce illicite. La Tunisie, Maurice, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire figurent parmi les cinq premiers pays africains du classement TRACIT 2025. Leurs performances s’expliquent par des cadres réglementaires solides, une application rigoureuse des lois et une coopération internationale efficace.
Pour améliorer sa position, le Cameroun doit renforcer ses institutions, améliorer la transparence et la gouvernance, et investir dans les capacités de ses agences de lutte contre le commerce illicite. Une collaboration accrue avec les partenaires régionaux et internationaux est également essentielle pour partager les meilleures pratiques et coordonner les efforts. Sans une action concertée, le pays risque de rester une plaque tournante pour les activités illicites en Afrique centrale.