Face à cette performance, le Fond monétaire international (FMI) reste optimiste quant à la capacité des réformes économiques en zone CEMAC pour améliorer la stabilité des actifs extérieurs nets entre mars et juin 2025.
Le FMI affiche un certain optimisme concernant les réformes économiques de la zone CEMAC. Selon un communiqué du 26 février 2025, les réformes menées par les États membres devraient améliorer la valeur des actifs extérieurs nets. Toutefois, la sous-région peine encore à atteindre les niveaux nécessaires pour assurer une stabilité financière durable. En novembre 2024, les avoirs extérieurs nets de la CEMAC étaient évalués à 3058,6 milliards FCFA (4,85 milliards $), en hausse de 15,8 % par rapport à l’année précédente, mais ces chiffres restent en deçà des objectifs fixés.
L’un des indicateurs-clés de la stabilité financière d’une région est la durée de couverture des importations par ses réserves en devises. Alors que la norme mondiale est de trois mois, les pays riches en ressources, comme ceux de la CEMAC, doivent viser une couverture de cinq mois. À la fin de 2024, la zone affichait seulement 4,3 mois de couverture, ce qui reste insuffisant pour garantir une stabilité à long terme. La faiblesse de cette couverture reflète des difficultés à renforcer les réserves, exacerbées par une baisse continue de la production pétrolière.
La situation est d’autant plus critique que la production pétrolière continue de reculer et que les prix du pétrole brut restent bas. Ce déclin pèse sur la capacité de la CEMAC à renforcer ses réserves de devises. En parallèle, les prix des produits pétroliers, tels que l’essence et le gasoil, restent élevés sur les marchés internationaux. Le Cameroun, en particulier, fait face à des difficultés liées à l’arrêt ou à la sous-performance de certaines raffineries, ce qui augmente encore la pression sur ses finances.
Les gouvernements de la CEMAC doivent également faire face à des contraintes budgétaires sévères. La nécessité de rembourser les arriérés de paiement tout en évitant de nouvelles dettes limite leur capacité à soutenir l’économie, notamment dans les secteurs de l’exportation, de la production et des infrastructures. Bien que le ratio de dette sur PIB des pays de la CEMAC soit relativement faible (environ 53 %), la région ne peut pas se tourner vers la dette de manière optimale. Les conditions strictes des emprunts externes et les perspectives de notation peu favorables compliquent cette option.
Une situation complexe pour le Cameroun en 2025
Le Cameroun, principal acteur économique de la sous-région, fait face à une année 2025 délicate. Le pays devra rembourser 250 millions de dollars en novembre, dans le cadre d’un eurobond précédemment contracté. En parallèle, une élection présidentielle prévue en 2025 pourrait créer des incertitudes économiques supplémentaires, d’autant que le pays est confronté à une forte exposition aux risques pays. Les banques camerounaises, dont plus de 60 % de l’exposition est liée à l’État, subissent la pression de difficultés croissantes dans les processus de remboursement.
Malgré ces défis, le FMI reste optimiste quant à la capacité des réformes de la CEMAC à renforcer la solidité des actifs extérieurs nets. Les réformes menées sur le terrain, notamment la gestion des réserves de devises et la diversification économique, devraient contribuer à stabiliser la zone au cours des prochains mois. Cependant, le chemin reste semé d’embûches, et la sous-région devra redoubler d’efforts pour atteindre une stabilité durable.