Selon les prévisions de la BEAC, cette envolée de près de 100 % reflète les ambitions minières des États de la sous-région, particulièrement du Gabon et de la Centrafrique.
La filière aurifère en Afrique centrale s’apprête à franchir un cap décisif. D’après le dernier rapport de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) sur les indicateurs économiques et monétaires de la sous-région, la production d’or des six pays de la Cemac devrait s’établir à 5 531 kg en 2025. Un volume inédit, en hausse de 99,6 % par rapport aux 2 770,3 kg de 2024, qui propulserait la Cemac vers un nouveau palier dans l’exploitation de ce minerai stratégique.
Moteur de cette embellie, la République centrafricaine devrait plus que doubler sa production, atteignant 3 703 kg d’or, contre 1 770 kg en 2024. Une performance qui s’explique par l’ambition affichée des autorités de passer à une exploitation industrielle du secteur, encore largement dominé par l’artisanat. Pour concrétiser cette transition, Bangui prévoit la mise en place de neuf nouvelles unités opérationnelles et d’une Task force dédiée à la lutte contre la contrebande, un fléau qui prive l’État de précieuses recettes.
Deuxième contributeur à cette montée en puissance, le Gabon entend aussi renforcer son positionnement sur la carte aurifère régionale. Avec une production projetée à 1 828 kg en 2025, le pays table sur une croissance de 82,8 % par rapport à l’année précédente. Une dynamique qui s’explique par la volonté de Libreville d’attirer davantage d’investissements grâce à la création d’une zone franche dédiée à l’or. Ce cadre fiscal avantageux, porté par la Société équatoriale des mines (SEM), vise à stimuler l’activité économique et à structurer davantage la filière.
Si la tendance se confirme, 2025 marquera une rupture nette avec les niveaux de production passés. Jusqu’ici, le record de la Cemac remontait à 2022 avec 2 907 kg extraits. Cette hausse spectaculaire témoigne d’un changement d’approche des États, qui cherchent à mieux encadrer un secteur longtemps dominé par l’informel et la contrebande. Reste à savoir si cette montée en régime s’accompagnera d’un véritable essor industriel ou si elle restera tributaire de l’exploitation artisanale.
Si ces projections laissent entrevoir des perspectives prometteuses, plusieurs défis persistent. La lutte contre l’orpaillage illégal, l’amélioration de la traçabilité et l’attraction des investisseurs restent des enjeux cruciaux. Par ailleurs, la volatilité des cours mondiaux de l’or et les contraintes logistiques dans certains pays pourraient freiner l’élan amorcé. Quoi qu’il en soit, l’année 2025 s’annonce comme un tournant pour l’industrie aurifère en Afrique centrale, avec des retombées économiques potentiellement majeures pour les États concernés.