En hausse de plus de 37 % sur un an, ces arriérés deviennent un enjeu critique pour les finances publiques et la confiance des fournisseurs de l’administration.
La dette intérieure continue de peser lourdement sur les finances publiques du Cameroun. Selon la dernière note de conjoncture publiée par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’encours des restes à payer (RAP) de l’État atteint 853,7 milliards de FCFA au 31 mars 2025, soit une hausse de 37,4 % en glissement annuel. Cette accumulation d’arriérés, représentant des engagements non honorés par l’État, alimente les tensions de trésorerie et fragilise le tissu économique local.
À titre de comparaison, ces créances impayées s’élevaient à 621,5 milliards de FCFA en mars 2024. La forte progression enregistrée cette année résulte en partie de l’absence de consolidation des données du premier trimestre 2025, qui a conduit les autorités à reconduire les montants arrêtés en décembre 2024. Cette situation reflète toutefois une inertie budgétaire préoccupante.
Plus inquiétant encore : près des deux tiers de ces dettes (62,7 %, soit 535,7 milliards de FCFA) sont en souffrance depuis plus de trois mois, et donc considérées comme arriérés budgétaires. Ces montants, désormais intégrés à la dette intérieure, concernent principalement les dépenses liées aux biens et services (260,4 milliards), aux investissements publics (88,3 milliards), et aux subventions (51,2 milliards).
Les restes à payer récents, de moins de trois mois, s’élèvent à 318 milliards de FCFA. Ils sont également concentrés sur les mêmes postes, confirmant une fragilité persistante dans l’exécution budgétaire, notamment en matière de commande publique et de paiement des prestataires. La dette intérieure budgétaire, bien que marginale, s’élève à 2,2 milliards de FCFA.
Ce niveau élevé de restes à payer compromet la qualité de la dépense publique et accentue les risques pour les entreprises sous-traitantes de l’État, en particulier les PME. En rompant la chaîne classique de l’exécution budgétaire – engagement, liquidation, paiement – ces retards alimentent un cercle vicieux d’arriérés reportés d’année en année, minant la crédibilité de la politique budgétaire.
Dans ce contexte, les analystes appellent à un renforcement de la gouvernance budgétaire, une meilleure transparence sur les délais de paiement, et un plan clair de régularisation des arriérés. À défaut, l’État camerounais pourrait voir sa note de crédit affaiblie et faire face à un durcissement des conditions de financement, au moment même où il cherche à contenir son déficit et à relancer ses investissements publics.