Malgré des conditions de marché exigeantes, le pays demeure attractif pour les investisseurs grâce à la solidité de sa signature et son absence de défaut de paiement depuis 2011.
Le Cameroun lance un nouveau programme d’émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA) du 17 au 31 mars 2025. Ce programme vise à mobiliser 145 milliards de FCFA sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Le montants à mobiliser vise le financement des projets d’investissements et d’assurer la gestion de la dette publique du pays. Cette opération d’envergure s’inscrit dans un contexte économique où les taux d’intérêts sont en hausse, rendant le marché plus exigeant pour les emprunteurs.
En effet, le Trésor public camerounais propose des taux d’intérêts généreux pour attirer les investisseurs, avec des rémunérations allant de 6% à 7,5% en fonction de la maturité des titres. Pour des titres à court terme (3 à 5 ans), les taux varient entre 6% et 6,75%, tandis que ceux à 7 ans offrent un taux plus élevé de 7,5%. Cette stratégie montre un ajustement par rapport à la politique de prudence historique du gouvernement, qui, dans un passé récent, offrait des taux bien plus bas. Les autorités camerounaises ont dû s’adapter à une réalité économique marquée par des conditions de marché de plus en plus difficiles.
La révision à la hausse des taux d’intérêts sur les titres de la dette publique camerounaise reflète une tendance observée depuis la fin de l’année 2021, avec l’adoption d’une politique monétaire plus stricte par la BEAC. La montée des coûts d’emprunt a été alimentée par une politique visant à lutter contre l’inflation, ce qui a contraint le Cameroun à réajuster ses offres pour continuer à lever des fonds à des conditions attractives pour les investisseurs. Toutefois, les autorités restent optimistes sur la capacité du pays à honorer ses engagements, soulignant la stabilité de ses finances publiques.
L’augmentation des taux d’intérêts en 2024, avec un bond de plus de 100% par rapport à 2020, n’entame en rien la réputation du Cameroun en matière de gestion de la dette. Le pays continue de bénéficier de la confiance des investisseurs grâce à sa crédibilité, consolidée par une longue série de paiements sans défaut depuis le lancement du marché des titres publics en 2011. Le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motazé, rappelle que le pays s’est toujours montré fiable dans ses remboursements, ce qui permet au Cameroun de conserver un statut privilégié sur le marché régional des titres publics.
Le programme d’émissions d’OTA ne se limite pas uniquement à la gestion de la dette. Il constitue un outil stratégique pour financer des projets d’investissements essentiels à la croissance économique du Cameroun. En offrant des rendements attractifs, le gouvernement espère attirer des capitaux qui viendront soutenir la mise en œuvre de projets d’infrastructures et autres initiatives visant à améliorer le climat des affaires et favoriser la création d’emplois. Cette démarche s’inscrit également dans la dynamique d’un développement durable et inclusif pour le pays.
Au-delà de la situation nationale, le programme du Cameroun a des implications pour l’ensemble de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA). En restant l’un des pays les plus attractifs du marché des titres publics de la BEAC, le Cameroun continue de jouer un rôle moteur dans la mobilisation de financements pour la région. Cette confiance dans les capacités de remboursement du pays stimule l’intégration économique et les échanges financiers au sein de la sous-région, malgré les défis auxquels sont confrontés certains de ses voisins.