Ce montant considérable a conduit à une série de mesures prises par le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) pour alléger la situation financière de certaines communes.
Les collectivités territoriales décentralisées (CTD) sont lourdement endettées auprès du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom). Dans un article publié ce jour par Investir au Cameroun, Philippe Camille Akoa, directeur général du Feicom, révèle que les CTD du Cameroun cumulent une dette de 128 milliards de FCFA auprès de cet organisme, qui finance les projets de décentralisation dans le pays. Ce montant se décompose en 36 milliards de FCFA de dettes exigibles et 91,8 milliards de FCFA de dettes non placées. Ces chiffres témoignent d’une pression financière significative sur les CTD, qui se retrouvent confrontées à des difficultés pour honorer leurs engagements.
Face à cette situation, le Feicom a déjà pris des mesures pour alléger le fardeau de certaines communes. En septembre 2024, l’organisme a annulé la dette de 62 communes pour un montant total de 4 milliards de FCFA. La plupart de ces communes se trouvent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, zones en proie à un conflit séparatiste depuis 2017. Cette décision a été justifiée par le ralentissement de l’activité économique et la détérioration des infrastructures dans ces régions, mais aussi par la faible incidence de ces créances sur l’équilibre financier du Feicom.
En dépit de ces difficultés, le Feicom continue de soutenir les collectivités territoriales. En 2024, il a accordé 47,7 milliards de FCFA aux communes et communautés urbaines sous forme de concours financiers. Ces fonds sont destinés à financer des projets de développement et d’infrastructure dans tout le pays, bien que les montants varient d’une région à l’autre. Les régions du Sud et du Nord ont, cependant, bénéficié de montants plus faibles, avec respectivement 494 millions de FCFA et 990 millions de FCFA alloués.
Des disparités régionales
La répartition des financements met en lumière des disparités notables entre les différentes régions du Cameroun. Les régions en crise, comme le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, reçoivent une attention particulière de la part du Feicom, en raison des impacts du conflit séparatiste sur les infrastructures et les projets de développement locaux. Toutefois, certaines régions, telles que le Sud et le Nord, voient leurs financements considérablement réduits, soulignant les défis persistants pour l’équilibre du financement à l’échelle nationale.
Ce dispositif de soutien financier demeure crucial pour la décentralisation au Cameroun. Le Feicom joue un rôle majeur en tant que « banque des CTD », en permettant aux communes et aux communautés urbaines de réaliser des projets d’infrastructure essentiels pour leur développement. Toutefois, la gestion de cette dette demeure un enjeu majeur pour l’avenir des finances publiques locales et pour la stabilité des collectivités territoriales, qui doivent réussir à retrouver leur équilibre financier tout en poursuivant leurs projets de développement.