Face à la persistance des plaintes sur la qualité des services de télécommunications, l’Agence de régulation des télécommunications (ART) engage un nouvel audit du réseau national de fibre optique.
L’Agence de régulation des télécommunications (ART) du Cameroun a engagé une nouvelle opération de vérification de l’état du réseau national de fibre optique. Le régulateur a lancé un appel d’offres restreint pour confier la réalisation de cet audit à une entreprise spécialisée. Le coût prévisionnel de l’opération est évalué à 350 milliards FCFA, ce qui en fait l’une des initiatives de contrôle technique les plus coûteuses du secteur à ce jour. L’objectif est d’identifier les sources des nombreuses perturbations qui affectent la connectivité dans le pays, afin de proposer des pistes d’amélioration concrètes.
Trois entités sont actuellement en lice pour mener cette mission : le groupement Telecam/Tactis, le groupement HLB ACP Central Africa, et le cabinet Telec. L’avis d’appel d’offres, signé par le directeur général de l’ART, Philémon Zo’o Zame, fixe à six mois le délai maximal d’exécution. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des efforts déjà menés par l’agence en matière de contrôle qualité. En septembre 2024, un précédent audit avait mis en lumière une série de failles sur le réseau exploité par l’opérateur public Camtel, notamment des ruptures fréquentes de câbles, une alimentation électrique instable et des difficultés logistiques sur les sites techniques.
Les autorités pointent également des causes structurelles liées aux conditions d’exploitation du réseau. Lors d’une visite d’inspection en octobre 2024, la ministre des Postes et télécommunications, Minette Libom Li Likeng, avait souligné que les dégradations du réseau étaient dues à des travaux de génie civil non coordonnés, des actes de vandalisme, mais aussi à une gestion interne perfectible des infrastructures par les opérateurs. Elle dénonçait notamment un retard dans les investissements promis par ces derniers, ainsi qu’une mauvaise maintenance des équipements.
Malgré la tenue régulière de concertations avec les principaux opérateurs (MTN Cameroon, Orange Cameroun, Camtel), les doléances des consommateurs sur la qualité de service persistent. Ces derniers dénoncent une couverture réseau incomplète, des interruptions fréquentes et une mauvaise qualité des appels vocaux et des services internet. Le déficit de mutualisation des infrastructures entre opérateurs, pourtant présenté comme un levier d’efficacité, reste un problème. Des réticences commerciales et techniques freinent encore la mise en œuvre de cette solution censée optimiser les ressources disponibles et améliorer la qualité globale de l’offre.
Ce nouvel audit, annoncé en mai 2025, intervient dans un contexte sensible, à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre. L’ART a insisté, lors de récentes consultations avec les opérateurs, sur la nécessité d’assurer une connectivité stable et fiable avant, pendant et après le scrutin. Bien que chaque acteur du secteur ait présenté un plan d’action à cet effet, les pouvoirs publics sont appelés à résoudre des problèmes persistants, en particulier la vétusté de certaines portions du réseau fibre optique. C’est donc dans cette optique que l’audit annoncé vise à établir un diagnostic précis, en vue de décisions stratégiques.