Pour l’entreprise publique, ces fonds devraient servir à : sécuriser l’achat de la production artisanale, lutter contre la fraude et accroître les réserves d’or stratégiques du pays, alors que des milliards de FCFA échappent encore aux circuits officiels.
Au Cameroun, la Société Nationale des Mines (Sonamines) projette une enveloppe de 5 milliards de FCFA en 2025 pour renforcer les réserves d’or stratégiques de l’Etat. Cet investissement est inscrit dans le budget 2025 de l’entreprise dont l’enveloppe globale est de 9 milliards de FCFA. L’information a été dévoilée le 2- février, lors des concertations avec les acteurs institutionnels intervenants dans les opérations d’achat, de vente, de transit et d’exportation des substances précieuses et semi-précieuses dans l’optique de mettre en place un cadre harmonisé susceptible de garantir la traçabilité des transactions, la lutte contre la fraude et la maximisation des recettes pour l’Etat.
Cette année, l’Etat entend exercer son droit de préemption sur l’achat de la production des exploitations artisanales semi-mécanisées, conformément au Code minier adopté en décembre 2023. L’initiative vise à structurer la filière aurifère, maximiser les recettes publiques et réduire la fraude, alors que le secteur ne représente encore que moins de 1 % du PIB du pays.
Dans cette dynamique, la Sonamines travaille à maîtriser les circuits d’approvisionnement de l’or pour limiter l’influence des réseaux informels et stabiliser les prix. Son principal défi immédiat est la mise en place d’une unité d’affinage, nécessaire à la valorisation de l’or 24 carats et à sa commercialisation internationale. En 2023, le Cameroun disposait de 500 kg de réserves dans cette gamme. L’objectif est d’optimiser les transactions sur les marchés mondiaux et d’intégrer l’or camerounais aux circuits de négoce les plus compétitifs.
À terme, le pays ambitionne de se positionner sur les principaux marchés internationaux de l’or et de sécuriser des contrats basés sur un modèle de paiement anticipé, similaire aux ventes en état futur d’achèvement en immobilier. La Sonamines doit ainsi prospecter fournisseurs et clients, mais aussi rechercher des financements pour pérenniser ses opérations. Une nécessité face à l’ampleur de la fraude : en 2017, 11,7 tonnes d’or ont quitté illégalement le pays, alors que seulement 730 tonnes ont été collectées et achetées en dix ans, dont 630 kg sur les trois dernières années par la Sonamines.