La redevance à l’exportation du cacao est à compter du 13 janvier 2025 fixée à 225 FCFA par kilogramme. Cette taxe imposée sur les graines du cacaoyer connaît une augmentation de 150 FCFA (+200%) sur les 75 FCFA appliqués jadis. Selon l’arrêté signé par Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre camerounais du Commerce, cette revalorisation vise à renforcer la régulation de la filière, tout en consolidant les mécanismes de financement et de suivi des différentes étapes de la production et de l’exportation du cacao.
Une répartition détaillée pour une gestion optimisée
L’arrêté du ministre du Commerce précise également la répartition de cette redevance, qui s’élève à 225 FCFA par kilogramme. Cette somme est répartie entre plusieurs structures clés du secteur du cacao et du café. Ainsi, 41 FCFA sont alloués à l’Office national du cacao et du café (ONCC), pour couvrir diverses activités allant du contrôle qualité au financement des organisations internationales du cacao. Le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) reçoit 32 FCFA par kilogramme tandis que 126,5 FCFA seront reversés au Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc), qui joue un rôle central dans le soutien aux producteurs à travers des subventions et des projets de développement.
Cette taxe prévoit également la répartition suivante : 3 FCFA par kilogramme alloués à la South West Development Authority (Soweda) pour soutenir les activités d’accompagnement à la production du cacao ; 5 FCFA par kilogramme affectés à l’administration des Douanes, en tant que droits d’assiettes ; 15 FCFA par kilogramme destinés à la Société de développement du cacao (Sodecao), et enfin, 2,5 FCFA par kilogramme attribués à la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (Capef) pour financer des actions de soutien à la production de cacao.
L’objectif de cette répartition est double : d’une part, soutenir la production de cacao à travers des financements directs aux producteurs, et d’autre part, améliorer les infrastructures de traçabilité et de qualité. Le Fodecc, en particulier, bénéficie d’une part importante de la redevance pour financer des initiatives destinées à renforcer la compétitivité du secteur, telles que des primes de qualité et des subventions directes. Ces fonds sont également destinés à soutenir les projets de modernisation et d’amélioration des conditions de production, notamment grâce à l’achat de matériel digital.
Un impact direct sur les producteurs locaux
L’augmentation de la redevance à l’exportation aura également des répercussions directes sur les producteurs de cacao, bien qu’indirectes. Les subventions et les aides du Fodecc devraient permettre de réduire certains coûts de production et de favoriser un meilleur rendement dans les plantations. Toutefois, la hausse du prix du cacao, qui frôle désormais les 4000 FCFA par kilogramme dans les zones de production, pourrait également entraîner des tensions sur la chaîne de valeur, notamment avec les exportateurs et les transformateurs locaux. Le ministre a précisé que la redevance serait payée avant chaque exportation ou chaque livraison à une unité locale de transformation, garantissant ainsi une fluidité dans la collecte des fonds.
L’une des dimensions majeures de cette revalorisation de la redevance est sa capacité à assurer une plus grande durabilité de la filière cacao au Cameroun dont les prévisions pour la campagne 2024-2025, devrait atteindre 276 900 tonnes, selon la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) . Rappelons que le pays a exporté 6 276 tonnes de fèves de cacao au troisième trimestre 2024, pour un coût de 12,5 milliards de FCFA, d’après les chiffres publiés par la Direction générale des douanes (DGD).