À partir du 1er mai 2025, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) impose aux compagnies pétrolières de rapatrier leurs fonds de restauration environnementale. Une mesure qui, selon des experts, pourrait fragiliser davantage les économies déjà vulnérables des six pays de la CEMAC.
La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) impose, à compter du 1er mai 2025, le rapatriement des fonds de restauration environnementale des compagnies pétrolières. Ces sommes, estimées entre 5 et 10 milliards de dollars, sont actuellement détenues dans des banques étrangères. La BEAC souhaite les centraliser dans la région pour renforcer les réserves de change et stabiliser le franc CFA.
Cependant, cette réforme suscite des inquiétudes. Selon une analyse de Standard & Poor’s, elle pourrait entraîner une perte cumulative de 86 milliards de dollars d’ici 2050 pour les pays membres de la CEMAC. Cette estimation inclut une réduction de 45 milliards de dollars d’investissements en capital et une chute de 15 % de la production pétrolière. Or, le pétrole représente 40 % du PIB de ces nations.
Les compagnies pétrolières, telles que Perenco, expriment des préoccupations concernant la centralisation de ces fonds. Elles redoutent une perte de flexibilité financière et des complications dans la planification de nouveaux projets. De plus, des pénalités pouvant atteindre 150 % de la contribution attendue sont prévues en cas de non-conformité.
Cette politique s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des réserves de change et de stabilisation du franc CFA, soutenue par le FMI. L’institution met en garde contre un risque de surendettement pour certains pays de la zone si des mesures budgétaires strictes ne sont pas adoptées.
Le dilemme est de taille : renforcer les équilibres monétaires à court terme ou préserver l’attractivité de la région pour les investisseurs. À moins d’un ajustement, cette réforme pourrait fragiliser davantage les économies déjà vulnérables des six pays de la CEMAC.