Le pays dirigé par Paul Biya veut faire de son sous-sol un moteur de croissance, alors que le secteur minier ne pèse encore que 1 % du PIB. Entre projets aurifères prometteurs, relance du fer et ambitions sur la bauxite, le pays trace la voie d’une nouvelle ère extractive.
Malgré un sous-sol riche et diversifié, le secteur minier camerounais demeure sous-développé. Il ne contribue actuellement qu’à environ 1 % du PIB national, alors que le potentiel est considérable avec plus de 50 types de ressources minérales identifiées. Toutefois, le pays multiplie les projets pour changer cette donne et transformer les mines en levier de croissance. En témoigne l’annonce du 19 mai 2025 par Oriole Resources de résultats de forage positifs sur le projet aurifère Mbe, renforçant l’objectif d’une première estimation des ressources d’ici fin 2025.
Cette avancée s’inscrit dans la vision gouvernementale qui vise à faire du secteur minier un pilier économique plus important que celui des hydrocarbures dans les prochaines années. Aujourd’hui encore, le pétrole domine l’industrie extractive, représentant 4 % du PIB et 31 % des exportations en 2021, selon l’ITIE. Pour inverser cette tendance, le ministre des Mines, Fuh Calistus Gentry, prévoit le lancement de 15 projets miniers d’ici 2027, marquant un tournant stratégique vers une diversification des recettes d’exportation.
Plusieurs projets miniers de grande envergure sont déjà sur les rails. Le gisement de fer de Mbalam, l’un des plus avancés, devrait produire jusqu’à 11 millions de tonnes de minerai par an dès sa première phase d’exploitation, avec des exportations attendues avant fin juin 2025. Le projet Kribi-Lobé vise une production annuelle de 4 millions de tonnes, tandis que Grand Zambi, porté par G-Stones Resources, s’apprête à lancer ses expéditions avec 500 000 m³ de minerai brut déjà disponibles.
Sur le front de la bauxite, le projet Minim Martap attire également l’attention. En phase de préconstruction, il devrait permettre au Cameroun de rejoindre le cercle restreint des producteurs africains de bauxite, avec une capacité prévue de 6,4 millions de tonnes par an pendant 20 ans. Son opérateur australien, Canyon Resources, table sur des premières exportations dès 2026, contribuant à diversifier le portefeuille extractif national.
L’or n’est pas en reste. En plus de Mbe, le projet Bibemi d’Oriole Resources affiche déjà des ressources de 460 000 onces à une teneur moyenne de 2,06 g/t. Plus concrètement, le pays a franchi un cap avec l’entrée en production de sa première mine souterraine d’or, exploitée par Codias SA, avec une capacité annuelle de 500 kg d’or. Des signaux encourageants pour une industrie aurifère émergente en Afrique centrale.
Le développement du secteur reste toutefois conditionné à la levée de certains obstacles. En dépit de l’adoption en 2023 d’un nouveau Code minier, les questions de gouvernance et de sécurité juridique persistent. L’État camerounais est actuellement en litige avec Sundance Resources au sujet du retrait de son permis d’exploitation sur Mbalam. L’australien réclame 5,5 milliards USD de dédommagement devant la Chambre de commerce internationale (ICC). Par ailleurs, la suspension du Cameroun par l’ITIE en 2024 pour faible implication de la société civile et manquements à la transparence vient rappeler l’importance des réformes à finaliser pour sécuriser l’environnement des affaires.