Cette nouvelle opération d’endettement validée par décret présidentiel s’inscrit dans une démarche de financement plus globale portée par le ministère des Finances.
Le Cameroun fait face à des tensions budgétaires persistantes et une dette publique en hausse. Le 19 mai 2025, le Président Paul Biya a signé un décret autorisant le ministre des Finances à lever jusqu’à 200 milliards FCFA sur les marchés financiers internationaux. Cette opération vise à soutenir les besoins de trésorerie de l’État pour l’exercice budgétaire en cours. Le décret constitue une réponse directe aux tensions de liquidité que connaît le pays, sur fond de déficit structurel et d’obligations financières croissantes.
L’encours de la dette publique camerounaise atteint désormais 14 442 milliards FCFA, représentant 44,7 % du PIB à fin mars 2025. Cette progression annuelle de 5,7 % témoigne d’une pression croissante sur les finances publiques. Pour certains observateurs, le recours à la dette extérieure, bien que stratégique, risque de compromettre davantage la soutenabilité budgétaire à moyen terme.
Mais pour Yaoundé, cette démarche n’est pas inédite. En 2015 déjà, le pays avait levé 750 milliards FCFA sur les marchés internationaux pour financer un ambitieux plan d’investissement. À travers ce nouvel emprunt, le gouvernement espère réitérer cet exercice, en misant sur la stabilité macroéconomique du pays et la solidité de sa signature souveraine.
En parallèle de cette initiative, le Cameroun compte lever 1 130 milliards FCFA sur le marché domestique des titres publics de la BEAC cette année. Ce montant sera réparti entre des Bons du Trésor Assimilables (750 milliards FCFA) et des Obligations du Trésor (380 milliards FCFA), afin de diversifier les sources de financement et lisser les échéances.
Louis Paul Motaze, ministre des Finances, avait déjà amorcé les manœuvres diplomatiques et financières bien avant la signature du décret présidentiel. En mars dernier, il avait conduit une délégation à New York et Londres, lors d’un « Non-Deal Roadshow » destiné à séduire les investisseurs. Objectif : valoriser le potentiel de l’économie camerounaise et les opportunités d’investissement dans des projets durables, alignés sur les normes ESG.
Lors de ces rencontres, le Minfi a mis en avant une croissance économique robuste (4,5 % en 2025), une trajectoire ascendante attendue à 8 % d’ici 2027, un cadre de financement durable et un niveau d’endettement jugé encore maîtrisé. Avec l’aval présidentiel désormais en main, d’autres opérations de séduction devraient suivre pour atteindre l’objectif fixé : lever 200 milliards FCFA sans compromettre la crédibilité de la signature souveraine du Cameroun.