En mission dans la capitale camerounaise, le Fonds monétaire international (FMI) insiste sur la nécessité d’une restructuration rapide de la Société Nationale de Raffinage (Sonara). L’entreprise publique, lourdement endettée, reste un point sensible du programme économique du pays.
Depuis le 30 avril 2025, Yaoundé accueille une mission cruciale du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Cemile Sancak. Objectif : faire le point sur la mise en œuvre des réformes prévues par les différents programmes d’appui au Cameroun. Le 2 mai, le face-à-face avec Louis Paul Motaze, ministre des Finances, a permis de dresser un bilan franc. Résultat : des avancées notables, mais encore bien des chantiers à boucler, notamment dans les finances publiques, le secteur bancaire et le secteur privé. Le FMI, tout en saluant les progrès, alerte : la croissance du Cameroun reste timide, et il faudra aller plus loin pour consolider les recettes fiscales et combattre les faiblesses de gouvernance.
Au cœur des discussions : la Sonara. Lourdement affectée par l’incendie de 2019, la Société nationale de raffinage est devenue un gouffre financier. Ses dettes ont culminé à près de 1 000 milliards de FCFA. Face à l’urgence, Yaoundé a tenté d’agir. Des accords de remboursement ont été passés avec des géants du négoce pétrolier comme Vitol, Trafigura et Mercuria. De plus, un prélèvement spécifique de 47,8 FCFA par litre d’essence à la pompe a permis de mobiliser 353 milliards de FCFA fin 2024. Mais ces mesures peinent à redresser la barre.
Le FMI ne mâche pas ses mots. Malgré les efforts consentis, la Sonara continue de dépendre massivement du soutien public, sans produire une goutte de carburant raffiné. L’institution de Washington préconise une approche plus radicale : revoir en profondeur la structure de l’entreprise, alléger la masse salariale et optimiser les opérations. Le gouvernement, lui, joue la prudence. Il a lancé des études technico-économiques en vue de relancer l’activité et de restaurer une souveraineté énergétique fragilisée depuis cinq ans.
L’enjeu dépasse de loin la seule survie de la raffinerie. Pour le Cameroun, relancer la Sonara, c’est aussi réduire sa facture énergétique, stabiliser les prix à la pompe et alléger sa dépendance aux importations. Sans oublier l’impact sur l’emploi et la paix sociale. Le FMI met en garde : sans restructuration rapide, les dérapages budgétaires guettent, et c’est tout le système financier national qui pourrait vaciller. Une sonnette d’alarme qui résonne dans les hautes sphères de l’État.
Dans cette bataille, le gouvernement sait qu’il joue gros. Accélérer les réformes, ce n’est pas seulement répondre aux attentes du FMI, c’est aussi envoyer un signal fort aux marchés et aux investisseurs. Car la Sonara, plus qu’un simple actif industriel, est devenue un symbole de la crédibilité économique du Cameroun. Une remise à flot réussie pourrait redorer l’image du pays et renforcer sa position en Afrique centrale.