Pour briser son image élitiste et dynamiser le marché financier d’Afrique centrale, la BVMAC mise sur un projet ambitieux de fractionnement des titres et de modernisation technologique. Objectif : attirer de nouveaux investisseurs et populariser la culture boursière dans la sous-région.
La Bourse des Valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC), basée à Douala, passe à l’action pour transformer en profondeur le marché financier sous-régional. Elle vient de lancer un appel d’offres pour recruter un partenaire technologique chargé d’accompagner la migration vers une plateforme modernisée, indispensable au succès de son projet de fractionnement des titres cotés. Cette initiative vise à fluidifier les transactions et à répondre à l’explosion attendue du nombre d’ordres, avec pour ambition de démocratiser l’accès à la bourse.
Le fractionnement des titres permettra de réduire drastiquement le prix unitaire des actions, aujourd’hui fixé entre 21 000 FCFA et 200 000 FCFA, afin de les rendre abordables au grand public. « Même si la valeur mathématique de l’entreprise est de 100 000 ou 200 000 FCFA, il faut que l’achat puisse commencer à 1000 FCFA », a expliqué Louis Banga Ntolo, Directeur général de la BVMAC, sur Canal2 International. L’objectif est clair : ouvrir la porte aux petits épargnants tout en garantissant l’intégralité des droits associés aux actions fractionnées.
Jusqu’ici, la BVMAC était perçue comme un club fermé, réservé à une poignée d’investisseurs institutionnels. La Cemac, qui regroupe six pays, ne compte que 10 000 comptes-titres pour un encours de dette de 1500 milliards de FCFA, principalement entre les mains d’une cinquantaine d’acteurs majeurs. Avec le fractionnement, la Bourse espère initier un mouvement populaire et encourager l’épargne boursière au sein de la population.
La modernisation technologique est un passage obligé pour accompagner cette transformation. Sans solution automatisée, le risque opérationnel est élevé : erreurs de saisie, retards de traitement des ordres, perte de confiance des investisseurs. « Le fractionnement devrait entraîner une multiplication massive du nombre d’ordres reçus aux guichets des sociétés de bourse », avertit l’appel d’offres. Les processus manuels actuels deviendraient rapidement obsolètes et dangereux pour la crédibilité du marché.
Au-delà de l’aspect technique, la BVMAC souhaite instaurer une véritable culture de l’investissement en Afrique centrale. Fractionner les actions, c’est donner à chacun la possibilité de devenir actionnaire et de participer à la croissance économique de la sous-région. Louis Banga Ntolo le résume sans détour : « La bourse devrait être l’opium du peuple. Pour ce faire, nous devons agir là où nous avons le pouvoir. »
Fondée pour dynamiser le marché régional, la BVMAC entend aujourd’hui se réinventer et s’ouvrir à tous les profils d’investisseurs. Avec cette réforme, la place boursière de Douala ambitionne non seulement de renforcer la liquidité et la diversification du marché, mais aussi de devenir un levier de croissance inclusive pour les économies de la Cemac.