Le futur centre d’emplissage de Kumba s’inscrit dans la stratégie nationale de décentralisation du gaz domestique. Objectif : réduire les pénuries, stabiliser les prix et rapprocher l’énergie des populations rurales.
Le gouvernement camerounais poursuit activement sa politique de décentralisation de l’accès au gaz domestique. Moins de deux semaines après avoir lancé un projet similaire à Ebolowa, c’est à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, que le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, représentant le Premier ministre, a posé le 29 avril 2025 la première pierre d’un nouveau centre d’emplissage de gaz de pétrole liquéfié (GPL).
D’un coût estimé à 6 milliards de FCFA, cette infrastructure s’ajoute au réseau naissant de centres régionaux, déjà implantés à Maroua, Bertoua, Bamenda et récemment Ebolowa. Elle répond à un double objectif : rapprocher le GPL des consommateurs et corriger les déséquilibres géographiques en matière d’approvisionnement. Jusqu’à présent, les populations du Sud-Ouest devaient s’approvisionner depuis Douala, un trajet long, coûteux et source de nombreuses pénuries. « Yaoundé et Douala concentrent encore 80 % de la consommation nationale. Il est temps d’inverser cette tendance », a martelé le ministre.
Ce centre de Kumba sera implanté sur cinq hectares et disposera d’une capacité de stockage initiale de 200 m³, extensible à terme. Il contribuera à stabiliser les prix du gaz dans une région où la bouteille de 12,5 kg se vend jusqu’à 10 000 FCFA, bien au-delà du tarif officiel de 6 697 FCFA. « Le gaz domestique est un produit de première nécessité », a rappelé Luc Magloire Mbarga Atangana, précisant que la consommation nationale progresse en moyenne de 13 % par an pour atteindre environ 220 000 tonnes métriques.
Au-delà des aspects logistiques et sociaux, le projet revêt également une dimension écologique. En réduisant le recours au bois-énergie, le gouvernement espère freiner la déforestation tout en encourageant les énergies modernes. Il s’agit également de favoriser la création d’emplois, notamment pour les jeunes. « Cette infrastructure générera des opportunités pour les populations locales », a souligné le ministre, en appelant les entreprises à respecter les délais de 24 mois fixés pour la livraison, soit avril 2027.
Dans la même lancée, le Cameroun s’apprête à enregistrer un regain de dynamisme dans son secteur gazier. Selon la BEAC, la production nationale de gaz naturel pourrait atteindre 1,78 million de tonnes en 2025, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année précédente, où elle s’élevait à 1,44 million de tonnes. Ce rebond intervient après une chute notable de 12,6 % en 2024 par rapport à 2023, confirmant une reprise attendue dans l’industrie. Il s’agirait ainsi du volume le plus élevé produit depuis deux ans, marquant une étape clé pour un secteur en quête de stabilité.
Cette embellie gazière devrait compenser partiellement la baisse anticipée de la production pétrolière, consolidant le rôle central des hydrocarbures dans l’économie nationale. En 2023, ils représentaient plus de la moitié des exportations du Cameroun, selon Fitch Solutions. Le gaz naturel, en particulier, avait malgré tout généré 14,1 % des recettes d’exportation cette même année, malgré une chute de 33,3 % de sa valeur à l’export, d’après les chiffres de l’INS. Une dynamique qui pourrait donc inverser la tendance, alors que le pays cherche à valoriser ses ressources pour amortir les fluctuations du marché pétrolier.