Avec cet investissement de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) ,le Gabon veut miser sur la souveraineté sanitaire en fabriquant localement les médicaments.
Le Gabon renforce sa capacité à soigner… par lui-même. Grâce à un financement de 5,9 milliards de FCFA octroyé par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), l’entreprise dénommée La Santé Pharmaceutique va se doter d’une deuxième unité de production. Objectif : passer de 35 à 100 tonnes de médicaments produits localement par an.
Implantée dans la Zone économique de Nkok, cette société est la première usine de médicaments génériques du pays. Depuis son lancement en 2020, elle fabrique plus d’un million de médicaments chaque jour. Avec ce nouvel appui, elle pourra élargir ses activités à la fabrication d’injectables et de solutés glucosés, tout en consolidant son rôle dans l’importation et la distribution de consommables et d’équipements médicaux.
Une vision claire se dessine : d’ici peu, La Santé Pharmaceutique comptera deux usines et deux laboratoires, devenant un maillon stratégique de l’indépendance pharmaceutique du Gabon. Ce développement s’inscrit pleinement dans les ambitions des autorités, qui veulent réduire la dépendance aux importations et mieux répondre aux besoins sanitaires nationaux. En plus de sa portée économique, l’initiative porte une promesse sociale forte : accès élargi aux soins, emploi local et innovation industrielle dans un secteur aussi vital que la santé.
Pourtant, le secteur reste fragile. Les ventes pharmaceutiques ont reculé de 5,4 % au deuxième trimestre 2024, après déjà un repli de 1,8 % au trimestre précédent. En cause : des perturbations logistiques, la hausse des coûts d’importation et des règles douanières plus strictes, qui ont mis en lumière une dépendance critique du pays au marché international.
À cela s’ajoute un paradoxe frappant : des acteurs locaux comme La Santé Pharmaceutique n’exploitent actuellement qu’1 % de leur capacité de production. « Cela illustre un potentiel industriel sous-utilisé, alors que 30 % des importations concernent des médicaments essentiels », souligne un expert du secteur. L’enjeu est donc double : mobiliser ce potentiel inexploité et sécuriser l’approvisionnement en produits vitaux.