Les établissements bancaires de la République Démocratique du Congo ont jusqu’en juillet 2026 pour se conformer à de nouvelles règles imposées par la Banque Centrale. Au cœur des enjeux : la diversification de l’actionnariat, le respect d’un capital minimum et une attractivité encore fragile vis-à-vis des investisseurs.
Une échéance cruciale se profile pour les banques congolaises. D’ici juillet 2026, elles devront réviser en profondeur leur structure actionnariale, conformément à l’instruction n°18 émise par la Banque Centrale du Congo. La règle impose un minimum de quatre actionnaires par établissement, chacun devant détenir au moins 15 % du capital, et empêche tout individu ou groupe de contrôler plus de 55 % des parts. Cette réforme, engagée en 2023, laisse désormais moins de 15 mois aux banques pour s’y conformer.
Pour plusieurs groupes bancaires étrangers déjà bien implantés dans le pays, comme Equity Group Holdings ou Kenya Commercial Bank (KCB), ces nouvelles conditions risquent de freiner voire de perturber leur stratégie de développement local. Le contexte réglementaire de la RDC devient plus strict au moment où ces groupes cherchent à optimiser ou réorganiser leurs portefeuilles d’actifs, notamment à travers des fusions, acquisitions ou ventes de participations.
La situation est d’autant plus délicate que la RDC ne figure pas parmi les destinations les plus séduisantes pour les investisseurs. Encore inscrite sur la liste grise du GAFI, le pays pâtit d’une perception de risque élevée, liée au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme. Ce climat, bien que compensé en partie par une forte rentabilité bancaire (25 % de rendement moyen des fonds propres en 2023), peine à attirer suffisamment de capitaux locaux ou internationaux capables de répondre aux nouvelles exigences.
L’obligation d’un capital minimum de 50 millions USD, entrée en vigueur depuis janvier 2025, vient alourdir la pression. Certaines institutions comme Rawbank ont déjà levé des fonds importants via des obligations convertibles, mais beaucoup d’autres n’ont pas encore sécurisé les financements nécessaires. Les actifs bancaires à redistribuer ou restructurer sont colossaux : à elles seules, les cinq plus grandes banques du pays détenaient plus des trois quarts des actifs du secteur en 2023.
Cette mutation réglementaire, bien que contraignante, pourrait devenir un terrain fertile pour les banques d’affaires, cabinets juridiques ou experts en audit. La complexité des opérations à venir, combinée à la rareté des capitaux disponibles, offre un espace important à l’intermédiation. Les honoraires liés à ces missions pourraient avoisiner les centaines de millions de dollars, illustrant à quel point le secteur bancaire congolais est aujourd’hui à la croisée des chemins.