Face à la chute de la production nationale de viande, le Cameroun mise sur un projet structurant à Douala et Edéa pour relancer l’élevage bovin. Un abattoir moderne, des chaînes de froid renforcées et l’implication des acteurs locaux sont au cœur du dispositif.
Le Conseil de l’Interprofession bovine du Cameroun (Cibovic) prépare la création d’un marché interrégional de viande bovine entre Douala et Edéa. Ce projet, dont les travaux devraient commencer en juillet 2025, ambitionne de traiter jusqu’à 20 000 têtes de bétail. L’objectif : réduire le coût de la viande et améliorer l’approvisionnement local, notamment dans ces deux grandes villes où la demande quotidienne est estimée entre 800 et 1 000 bœufs.
Ce marché s’étendra sur 110 hectares répartis sur trois sites. Deux d’entre eux, situés à Sikoum et Mongombè (Edéa), accueilleront les parcs à bétail et les espaces de vente. Le troisième site, à Dibamba Beach (Douala), servira de zone de transit vers les abattoirs et les ports de Douala et Kribi. Un abattoir moderne verra également le jour à Douala, avec des équipements de chaîne de froid renforcée et un guichet unique pour assurer le suivi des ventes et optimiser la fiscalité du secteur.
Le Cibovic prévoit d’acheter du bétail auprès des éleveurs locaux, tout en complétant l’offre par des importations de bovins en provenance du Tchad. À terme, le marché pourrait injecter jusqu’à 10 000 tonnes de viande sur le marché local d’ici 2027, et atteindre 40 000 tonnes en 2030. Ce projet arrive dans un contexte difficile : en 2024, la production nationale a chuté à 94 300 tonnes, contre 130 169 tonnes l’année précédente, selon les données officielles.
La baisse de production, inédite depuis cinq ans, est attribuée à des conditions climatiques extrêmes. La dégradation des pâturages et le tarissement des points d’eau ont particulièrement touché le Nord du pays, principal bassin d’élevage bovin. Cette situation fragilise toute la chaîne de valeur, de l’éleveur au consommateur, et accentue les pénuries sur les marchés urbains.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement, appuyée par la Banque africaine de développement, pour moderniser les filières élevage et pêche. L’ambition est de créer une véritable industrie de l’abattage, de renforcer les capacités des acteurs et de dynamiser la production nationale. À ce jour, seuls trois abattoirs industriels sont opérationnels au Cameroun. D’autres sont en cours de construction à Bamenda et Kribi, avec une livraison prévue d’ici fin 2025.