Camrail, le concessionnaire camerounais de transport ferroviaire , qui assure une partie du transport des matières premières, déclare avoir été mise à l’écart de certaines opérations cruciales, exacerbant ainsi la crise de ciment dans le pays.
Le Tchad, déjà confronté à une pénurie de ciment, traverse une période de fortes tensions économiques. Le manque de clinker, élément clé dans la production de ciment, a fait grimper les prix, qui oscillent désormais entre 8 500 FCFA et 13 000 FCFA pour un sac de 50 kg. L’Organisation des opérateurs économiques tchadiens (OPECT) a rapidement réagi en adressant une lettre à la Cameroon Railways (Camrail), l’accusant d’immobiliser ses cargaisons. Mais selon la société ferroviaire camerounaise, la situation est bien plus complexe.
Alain Minoue, le directeur commercial et marketing de Camrail, a expliqué les difficultés de l’entreprise en début d’année 2025. “Camrail a dû faire face à huit déraillements et à deux incidents majeurs”, révélant que ces imprévus avaient sérieusement affecté le transport de certaines marchandises vers le Tchad. Toutefois, il a également souligné que ces difficultés étaient désormais “quasi résolues”, et que les livraisons avaient repris un rythme normal. Mais ce n’est pas tout.
La société ferroviaire fait part de son étonnement face à l’attribution de la crise exclusivement à des problèmes de transport. “Il est inexact d’attribuer à Camrail la responsabilité des difficultés rencontrées par les cimentiers tchadiens”, a précisé Minoue. En effet, bien que Camrail ait proposé de transporter des cargaisons de ciment, l’accord n’a pas été honoré, le transport routier étant privilégié par les autorités.
La question de l’approvisionnement en ciment est donc loin d’être résolue. Camrail explique que seulement 6,92 % des matières premières destinées aux cimenteries sont transportées par rail, un chiffre faible comparé aux 70 % de transport ferroviaire qui ont été consacrés aux produits de première nécessité comme le sucre et le riz. En dépit de ces efforts, la situation reste tendue, et la crise du ciment est exacerbée par le choix de prioriser le transport routier. “Nous avons consacré toutes nos ressources disponibles à maintenir la fluidité du transport”, a insisté Minoue, précisant que l’entreprise n’avait cessé de collaborer avec les acteurs logistiques pour résoudre ces défis.
Pour les autorités tchadiennes et les entreprises locales, l’urgence est de redresser la barre rapidement pour éviter une inflation excessive et des pénuries prolongées. Camrail reste optimiste et assure sa volonté de contribuer à la stabilisation de la situation. “Nous restons mobilisés pour apporter des solutions pérennes aux enjeux logistiques et renforcer la fiabilité du transport ferroviaire”, a conclu Minoue.