En 2024, la production de diamant au Cameroun a enregistré une nette progression, atteignant 6219,8 carats, contre 3305,8 carats en 2023. Ce bond spectaculaire, d’environ 100%, a permis au pays de générer des revenus estimés à près de 120 millions de FCFA, un résultat significatif pour l’économie locale. Malgré la hausse de la production et des revenus, le secteur du diamant au Cameroun reste confronté à des défis liés à la traçabilité et à la gestion des exportations. Bien que les recettes aient progressé, une grande partie des diamants extraits sont vendus en dehors des circuits formels, ce qui limite l’impact direct sur les finances publiques et la transparence du commerce.
Pour mieux encadrer le marché et garantir la traçabilité des diamants, le Cameroun s’appuie sur le Système de certification du Processus de Kimberley. Ce dispositif vise à certifier les diamants extraits afin d’éviter leur utilisation dans des circuits liés au financement de conflits armés. En 2024, le Secrétariat permanent du Processus de Kimberley (Snppk) a annoncé un projet de certification de 5000 carats, bien au-delà des volumes certifiés en 2021 et 2022, qui étaient d’environ 4840 carats.
Le processus de certification permet de garantir que les diamants produits au Cameroun suivent un parcours régulier, de leur extraction jusqu’à leur exportation, facilitant ainsi leur commercialisation sur le marché international. Cette démarche vise à améliorer la transparence du secteur et à limiter les risques de blanchiment d’argent ou de financement d’activités illégales.
Bien que la production de diamant connaisse une forte croissance, le Cameroun reste confronté à des défis majeurs en matière de gestion du secteur. Les recettes générées par l’exploitation de cette ressource sont souvent entachées par des pratiques illégales, comme le trafic de diamants en dehors des circuits officiels. Cela prive l’État de nombreuses recettes fiscales et nuit à l’image du pays sur la scène internationale.
De plus, la mise en place du processus de certification représente un investissement financier important, avec des prévisions de dépenses avoisinant les 1,8 milliard de FCFA pour l’exercice 2024. Bien que ce coût soit élevé, il s’agit d’un investissement stratégique pour renforcer la régulation du marché et maximiser les retombées économiques du secteur diamantifère.
Des flux concentrés vers quelques marchés
Le marché international du diamant pour le Cameroun reste également concentré sur quelques pays. Selon une note de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), en 2018, les principaux marchés d’exportation du diamant camerounais étaient les Émirats arabes unis (55,31%), la Belgique (40,95%) et la Suisse (3,73%). Ces données révèlent une forte dépendance aux marchés internationaux, ce qui souligne l’importance pour le Cameroun de diversifier ses partenariats commerciaux et de renforcer ses relations avec ces pays afin de sécuriser l’avenir de ses exportations.
Les exportations vers les Émirats arabes unis et la Belgique, qui représentaient à elles seules plus de 96% des ventes, témoignent du rôle central de ces pays dans le commerce international du diamant. Cependant, cette concentration des flux d’exportation pourrait rendre le Cameroun vulnérable aux fluctuations du marché et aux tensions géopolitiques, d’où la nécessité d’explorer de nouveaux marchés et de diversifier les débouchés.